Le promu, qui compte un match en retard, affronte le Sparta, actuel huitième, qu’il peut dépasser en cas de victoire.
Alors qu’on aborde le dernier tiers de la saison régulière, on ne connaît toujours pas la composition des play-offs. Si on regarde le classement, on peut affirmer sans trop se tromper que les six premières places semblent être désignées.
Mais derrière, c’est la foire d’empoigne. En effet, même des formations comme les Musel Pikes ou Gréngewald, qu’on pouvait penser perdues, ne sont finalement qu’à quelques encablures de la huitième place actuellement occupée par le Sparta. En clair, tout est encore jouable pour tout le monde. Y compris pour Mamer.
On ne va pas se mentir, avant le début de saison, ils n’auraient pas été nombreux à miser un kopeck sur la possibilité des joueurs du Mambra d’avoir non seulement la possibilité de se maintenir, mais carrément aussi celle de se qualifier en play-offs.
Et pourtant, fort d’un démarrage idéal (4 victoires lors des 4 premiers matches), l’équipe de Billy McDaniel et compagnie avait pris de l’avance sur ses concurrents directs annoncés. Depuis, forcément, la cadence a ralenti mais après 15 rencontres, le Mambra a déjà six succès dans sa besace. Et un match en retard à jouer contre Contern, qui n’a qu’un point d’avance.
Même si les résultats étaient loin d’être déshonorants pour un transfuge de l’échelon inférieur, le message avec le coach ne passait pas et Mike Smith a été débarqué. Et remplacé par Darko Ristic. Il s’agissait là du second tremblement de terre qui a secoué l’effectif après le départ avec pertes et fracas du vétéran Sam Ferreira – qui a depuis rejoint le Black Star – qui ne s’entendait plus avec le désormais ex-technicien.
C’est dans ce contexte que le championnat reprend samedi. Avec, sur le papier en tout cas, un match crucial face au Sparta. Comme le confirme le capitaine Lazar Lukic : «Pour moi, c’est l’un des matches les plus importants de la saison. Si on les bat, on aura gagné deux fois contre eux, on entrera de nouveau dans la course avec un élan positif. Et on va tout faire pour.» En effet, le Sparta est l’une des cinq victimes du promu. Lors du match aller, les hommes de Mike Smith, un temps menés de 19 pts, ont réussi une seconde partie de rencontre impressionnante pour renverser Bertrange après prolongations : «Le coach nous a motivés, tout le monde a fait son job. Et Davy a été impressionnant», explique le colosse, qui a lui-même porté les couleurs bertrangeoises dans sa jeunesse.
Davy, c’est Davy David Rocha. Arrivé cette saison de Walferdange – il voulait à nouveau jouer avec Antonio Bivins et est l’un des meilleurs amis de Lazar Lukic notamment, l’international luxembourgeois avait fait un énorme chantier en scorant 20 pts. Le tout alors qu’il venait simplement donner un coup de main : «J’étais en formation avec l’armée. Je ne pouvais pas m’entraîner, je rentrais uniquement le week-end», indique le mastodonte de 2,03 m, récemment à nouveau appelé par Ken Diederich pour la prochaine fenêtre FIBA.
Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le coach, que finalement, Davy David Rocha n’a jamais vraiment connu, a changé. Lui-même a terminé son instruction de base et il peut désormais se concentrer à 100 % sur le basket. Un processus d’adaptation qui prend forcément du temps : «Au début, j’avais vraiment du mal. J’essayais de jouer, mais ça n’allait pas vraiment. Je sentais le manque d’entraînement. Je ne connaissais pas les systèmes. Maintenant, ça commence à aller un peu mieux. Je commence à comprendre comment tout le monde joue.» Seulement, il y a quand même un truc qui le dérange particulièrement dans son jeu actuellement : «Les lancers francs. Je n’arrive pas à retrouver ma technique. On travaille beaucoup là-dessus.»
Et avec l’arrivée d’un nouveau coach, il y a clairement eu du changement, comme l’indique encore le capitaine : «Il met beaucoup l’accent sur la défense. C’est vrai qu’offensivement, on est bien armés. Donc le focus est défensif. On regarde énormément de vidéos de notre adversaire. C’est beaucoup plus structuré. Et à l’entraînement qui suit le match, on l’analyse en vidéo.» Au vu du dernier match, perdu 111-90 à Dudelange, on peut dire que le processus est en cours. Et que la défense est perfectible. Mais tout va dans la bonne direction : «Je trouve que notre jeu a changé. Maintenant, tout le monde sait ce qu’il a à faire. Chacun connaît son rôle. Maintenant, ce n’est pas en l’espace de deux semaines que tu peux tout changer.» C’est vrai que Mamer part de loin. Avec plus de 95 pts encaissés par match en moyenne, ils sont la défense la plus perméable de toute la LBBL.
Face au Sparta, Mamer devra donc resserrer les rangs en défense. Et avec face à eux, avec des joueurs talentueux comme Max Logelin, Yannick Verbeelen, le capitaine Victor Stein ou les deux Américains pour ne citer qu’eux, Davy David Rocha, qui a lui aussi porté les couleurs du Sparta dans ses jeunes années, et ses coéquipiers vont avoir du pain sur la planche.
Mais ils auront également un atout. Une arme secrète. En effet, quand Nelson Larkins s’est blessé, il a été remplacé par… Lavone Holland. Qui venait de quitter le Sparta. On peut imaginer la motivation de l’Américain au moment de retrouver ses anciens partenaires.
«On a les moyens de viser au moins la huitième place»
Le Mambra s’appuie énormément sur ses trois non-JICL. Une situation qui fait hurler certains. Lazar Lukic comprend. Mais se défend : «Je comprends que certains se plaignent et j’entends leurs arguments. Et c’est vrai qu’avec trois Américains sur le terrain, ça laisse moins de place aux Luxembourgeois. Mais si on parle de notre cas, Billy (McDaniel) est au pays depuis des années. Il était avec nous en Nationale 3. Cela fait cinq ou six ans qu’il est à Mamer. Je ne le considère plus comme un Américain. Ou en tout cas plus comme un joueur pro. Mais si on regarde bien, Contern, Steinsel, Walferdange, Dudelange… beaucoup d’équipes jouent avec trois. Pour moi le problème, ce n’est pas ça. On a le droit de jouer avec trois. Si ça pose un problème, alors les règles doivent changer.»
C’est donc avec trois Américains mais une cohorte de Luxembourgeois de qualité (Lazar Lukic, Davy David Rocha, Finn Reisdorffer, tous anciens du Sparta) que Mamer se prépare à jouer le match le plus important de l’année. Avec une victoire, les play-offs sont à portée de main. Si Bertrange l’emporte, l’écart se creusera. Et au vu de son calendrier (Contern, Esch, Résidence, Contern, Etzella, Amicale), le Mambra risque d’avoir du mal à reprendre des points à ses adversaires directs.
Lazar Lukic ne s’enflamme pas mais ne s’interdit rien non plus : «On savait que même si on avait gagné nos quatre premiers matches, ça ne durerait pas. J’aurais signé pour être dans la position dans laquelle nous sommes actuellement. Maintenant avec le nouveau coach, les nouveaux systèmes, on a une nouvelle dynamique. Face à Dudelange, on n’a pas joué comme on sait le faire. Je pense qu’on a du talent pour réussir quelque chose. Et qu’on a les moyens de viser au moins la huitième place.» Pour ce faire, il faudra à nouveau venir à bout du Sparta qui avait pris sa revanche en Coupe : «Un match où Nelson (Larkins) était blessé et au cours duquel Antonio (Bivins) s’était aussi blessé et où Davy (David Rocha) n’avait pas joué», rappelle Lazar Lukic. Qui compte sur l’avantage physique pour sortir vainqueur de ce derby fratricide : «Ils ont beaucoup de guards. À nous d’en profiter.»