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Voie sans issue

Il fallait s’y attendre. La mobilisation des agriculteurs en France fait tache d’huile et voici maintenant qu’un barrage routier est organisé à partir d’aujourd’hui au nord de Thionville sur l’A31. L’installation des tracteurs va avoir de sévères conséquences sur le déplacement des frontaliers… mais pas seulement. Un campement doit être installé sur les voies au moins jusqu’à vendredi 16 h. D’ici là, le chaos routier va sûrement infuser jusqu’au Luxembourg avec des ralentissements qui devraient être conséquents. L’A31 sera fermée dès la sortie menant au village frontalier de Kanfen! Personne ne sait combien de temps va durer cette grogne des agriculteurs en France… et ailleurs. Nos voisins belges se préparent aussi à des actions de leurs paysans dès la semaine prochaine. Il faudra jeter un coup d’œil vers l’ouest dès lundi pour vérifier si des tracteurs sont en approche et sont prêts à barrer quelques routes.

Au Grand-Duché, les agriculteurs semblent loin de cette agitation et des problèmes de leurs homologues européens. Ils avaient déjà battu le pavé en 2022 avec le vote de la loi agraire et ont obtenu gain de cause sur les points litigieux pour eux. Le modèle luxembourgeois, qu’il ne faudra pas perdre, a fonctionné : les discussions peuvent aller vite pour trouver un compromis, sans étincelles, et cela, malgré les fâcheries ou les colères froides… Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas eu à l’époque mobilisation et protestation. Mais l’écoute et l’échange restent la règle dans un pays qui, il faut le dire, a parfois plus de marge budgétaire que ses voisins. Et le dialogue continue encore. La ministre Martine Hansen multiplie actuellement les rencontres avec le monde paysan pour faire avancer certains dossiers. Le lien n’est pas rompu.

France, Belgique, Pays-Bas, Roumanie, Allemagne, mais aussi Pologne… la liste des pays touchés par cette grogne des agriculteurs semble s’allonger sous nos yeux. C’est une contestation européenne qui se profile à l’horizon et Bruxelles va devoir aussi mettre la main à la pâte pour la résoudre. L’Union ne doit pas être abîmée, car, dans les cortèges, se faufilent déjà ceux qui souhaitent la détruire à grands coups d’idées protectionnistes.