Les États-Unis ont appelé lundi l’Europe à « s’unir » pour faire avancer l’accord de libre-échange commercial (Tafta ou TTIP) au moment où débute une nouvelle session de négociations.
« C’est très important pour l’Europe qu’elle s’unisse autour du TTIP », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, à Madrid dans le cadre d’une tournée européenne. Négociateurs américains et européens devaient débuter lundi à Miami un nouveau cycle de discussions sur cet accord controversé qui vise à éliminer les barrières douanières et réglementaires de part et d’autre de l’Atlantique.
Depuis le début des discussions en juillet 2013, ses opposants l’accusent d’être le Cheval de Troie d’une déréglementation généralisée et opaque, au détriment des normes sanitaires ou environnementales et au bénéfice des grandes multinationales. La France elle-même a fait part de ses réserves en appelant à un changement de « l’esprit général » des négociations et en menaçant de cesser purement et simplement le processus.
« Laissez-moi le souligner : (l’accord) n’affaiblira pas les réglementations. Il n’affectera pas les règles sur l’environnement ou le marché du travail », a affirmé John Kerry. Selon le responsable américain, le libre-échange permettra simplement de se débarrasser des « interférences » qui freinent la « croissance, les emplois et les investissements » de part et d’autre de l’Atlantique.
Les discussions de Miami, qui s’achèveront vendredi, devraient se pencher sur les barrières douanières avant d’attaquer la question sensible de l’accès des entreprises européennes aux marchés publics américains.
AFP/A.P
Voici quelques raisons d’être agacés par cette négociation.
S’il est approuvé, la totalité de l’accord sera applicable aux Etats Européens. L’inverse n’est pas exact. Des Etats US peuvent refuser telle ou telle disposition. Scandaleux.
Les parlementaires n’ont accès aux documents que dans des salles sécurisées de l’ambassade américaine, sans téléphone et sans crayon. Scandaleux.
L’Union Européenne a ouvert ses marchés publics à toutes les entreprises américaines. Les Etats US refusent de faire de même. Scandaleux.
Les américains demandent un accès à tous les projets de Loi en Europe avant même qu’ils soient rendus publics. Les Etats américains refusent absolument qu’il en soit de même au profit des européens. Scandaleux.
Sur l’arbitrage, lisez ce qui suit : « «Je partage totalement les nombreuses critiques selon lesquelles les procédures de règlement des différends entre investisseurs et États n’ont débouché jusqu’à présent que sur des exemples très inquiétants de litiges contre les États. Signé Karel De Guth, prédécesseur de Cécilia Malmström. Difficile, pourtant, d’être plus libéral que lui.
Les américains refusent de signer 6 des 8 « conventions fondamentales » de l’OIT (Organisation Internationale du travail). Il s’agit pourtant de « bol de riz ». Par exemple, les américains refusent de signer la convention de 1948 sur l’interdiction du travail forcé. Qui se sent capable prêt à expliquer à une classe de 3ème que cela est bien normal ?
Poursuivons. La semaine dernière, on lisait dans Le Figaro que le TAFTA serait porteur de 90 milliards d’euros de gains économiques de part et d’autre de l’Atlantique. Nul ne précise entre qui et qui sera réparti se gain de 90 milliards d’euros.
Enfin, relisons la Tribune du 19 juin 2014. On y lit que l’ambassade américaine propose aux partisans d’un vaste accord de libre-échange américano-européen qui seraient insatisfaits de la couverture médiatique négative dont il fait l’objet d’envoyer leurs idées et projets afin d’organiser un débat « positif » sur le sujet. « Nous vous soutiendrons ! », assure l’ambassade américaine de Berlin qui promet une aide financière pouvant aller jusqu’à…20.000 dollars. N’est-ce pas bizarre, s’agissant d’un accord gagnant- gagnant merveilleux ?
Conclusion : Oui à l’accord, mais pas comme ça.