Les chefs de deux nouvelles formations qui secouent la politique en Espagne, Pablo Iglesias, de Podemos (gauche) et Albert Rivera de Ciudadanos (centre droit), se sont affrontés pour la première fois lors d’un débat atypique dimanche soir, organisé dans un café de Barcelone.
Pablo Iglesias, 37 ans, enseignant en sciences politiques, et Albert Rivera qui aura 36 ans le 15 novembre, avocat de formation mais en politique depuis près de dix ans, se sont salués d’une tape dans la main et ont évoqué dans la voiture qui les emmenait vers leur lieu de débat, la difficulté d’être en campagne, la fatigue, l’absence d’intimité, à deux mois des élections du 20 décembre.
En manches de chemise devant un café au lait, dans un langage familier, sans avoir exigé que les questions soient transmises à l’avance, ils ont débattu sur l’économie et les nationalismes et semblé s’accorder sur certains sujets de société: lutte contre la corruption, place de l’église – qui devra verser des impôts sur ses propriétés -, école publique, fraude fiscale.
« Si ca continue comme ça, on se présente ensemble aux élections », a ironisé Pablo Iglesias.
Sur la manière de sortir les Espagnols du chômage dépassant encore 22%, Pablo Iglesias a défendu « la répartition de richesse pour créer de la richesse », notamment avec un revenu minimum d’insertion plus élevé, une baisse de la durée du travail hebdomadaire et l’interventionnisme de l’Etat en termes de services publics. Il a dit être devenu plus « pragmatique », depuis la création de Podemos en janvier 2014.
Son adversaire, réputé libéral, a défendu l’inverse: « Il faut distribuer la richesse, pas la misère », a-t-il dit en défendant plutôt une réforme des contrats de travail pour favoriser l’embauche, et un assainissement de la concurrence.
Concernant l’indépendantisme en Catalogne, riche région du nord-est où est né le parti de M. Rivera, fer de lance des partisans d’un maintien en Espagne, M. Iglesias s’est dit favorable à un référendum d’autodétermination et M. Rivera à une réforme de l’articulation des pouvoirs entre toutes les régions et le pouvoir central. « Je n’ai pas peur de la démocratie », a dit M. Iglesias. « Il faut réformer l’Espagne… mais pas la casser », avec des référendums a répondu M. Rivera.
Selon un dernier sondage, le Parti populaire (droite, au pouvoir), le Parti socialiste et Ciudadanos sont dans un mouchoir de poche avec des scores respectivement de 23,4%, 23,5% et 21,5%, devant Podemos, en perte de vitesse (14,1% des voix).
AFP / S.A.