CMCM, DIMANCHE À LA COQUE Rentré pour un mois au Luxembourg, Vivien Henz étudie toujours à Harvard mais ne s’entraîne plus avec l’équipe. Explications.
Vous êtes au Luxembourg depuis quand ?
Vivien Henz : On a un mois de vacances. Je suis rentré le 18 décembre au Luxembourg et je repars après le CMCM.
Vous retournez à Harvard ?
Oui.
Mais vous ne vous entraînez plus avec l’équipe ?
Non.
Pour quelle raison ?
Quand je suis arrivé, ils avaient leur propre méthode d’entraînement. Très différente de celle qui était la mienne. De septembre à décembre, je me suis mis à fond dedans, notamment pour la saison des cross. Ça n’a pas vraiment marché, j’ai dû faire aux alentours de la 200e place aux championnats nationaux. Maintenant, le cross n’a jamais été mon fort, en plus c’était le premier semestre, dans un nouveau pays, tout était nouveau. Je ne me suis pas posé trop de questions.
Mais ça ne s’est pas arrangé ?
Non. La saison indoor est arrivée et on n’arrêtait pas de faire des séances intenses les unes après les autres. J’arrivais sur la ligne de départ et j’étais complètement cuit. Le problème, c’est qu’on avait bien vu l’année précédente ce qui marchait avec moi. C’est-à-dire du repos, des trucs pas trop poussés. Je lui ai expliqué comment mon corps fonctionnait. J’avais envoyé mon programme d’entraînement au coach avant mon arrivée, mais il n’en a rien eu à faire et n’en a pas tenu compte. Ça commençait doucement à m’énerver. Il n’a rien adapté, je faisais les mêmes entraînements que les autres. On a commencé à bourriner dans les entraînements indoor. J’ai couru une fois 3’57« sur le mile. Avec le recul, je pense que c’était plutôt grâce au travail de Camille (NDLR : Schmit, son entraîneur au CSL) qui était encore là. Je sentais que plus je m’entraînais et moins j’étais en forme.
Et ensuite, qu’est-ce qui s’est passé ?
Un jour, je discutais avec un pote qui revenait d’une deuxième fracture de fatigue. De toute façon, avec la méthode du coach, c’est marche ou crève. Parfois ça marche et parfois tu crèves. D’ailleurs, chaque semestre, il y avait quatre ou cinq gars qui se faisaient une fracture de fatigue. On discutait, on se plaignait du fait que rien n’était changé à l’entraînement alors que, visiblement, la méthode ne fonctionne pas pour lui. Et là, quelqu’un m’entend me plaindre et va le rapporter au coach.
Normalement, l’athlé c’est du plaisir et là je n’en avais plus
Qui fait quoi ?
Il me convoque dans son bureau pour me dire que je n’y connais rien en athlé, il me crie littéralement dessus. C’était complètement lunaire. Je lui ai dit ce que je pensais de lui et de ses méthodes. J’avais l’impression d’avoir en face de moi un gamin alors que le mec a 50 ans et est payé pour faire ce job. Finalement, son supérieur a dû intervenir. Et à partir de ce moment, je me suis dit que ça allait être dur de continuer à m’entraîner avec lui. Je fais malgré tout ma saison outdoor avec lui, mais ça devient de plus en plus déprimant. Les entraînements sont très durs. Et je commence à comprendre que ça ne marchera pas. Je n’avais même plus envie d’aller à l’entraînement. Je ne m’amusais plus. Normalement, l’athlé c’est du plaisir et là je n’en avais plus. Je n’avais plus d’essence dans le moteur.
Il fallait donc que ça change ?
Oui. Durant l’été, j’ai essayé de voir comment planifier mon retour sans m’entraîner avec le coach car j’avais vécu une mauvaise expérience en première année et je ne me voyais pas en faire quatre comme cela. Dans l’idéal, je n’avais pas envie de me faire virer de l’équipe mais je voulais juste pouvoir m’entraîner avec le programme de Camille. On a eu un meeting avec le coach, j’ai expliqué que j’avais mes propres objectifs et qu’il était clair que je ne pourrais pas les atteindre avec lui. Au final, ils m’ont éjecté de l’équipe.
Concrètement, cela signifie quoi ?
Que je ne peux pas participer aux championnats universitaires. Mais ce n’est pas grave puisqu’ils ne sont pas vraiment compatibles avec une saison internationale d’athlète européen. En revanche, les meetings sont ouverts, du coup je peux m’y inscrire.
Mais vous n’avez plus accès aux installations ?
Non. Mais j’ai la chance d’avoir une salle de muscu dans le bâtiment de mon dortoir. Elle n’est pas grande mais en tant qu’athlète, je n’ai pas besoin de grand-chose. Pour le kiné, je me débrouille tout seul. Pour la piste indoor, en tant qu’étudiant à Harvard, j’ai accès aux infrastructures en dehors des horaires de l’équipe. Et j’ai accès à une piste publique pas très loin de chez moi.
Du coup, vous vous entraînez seul. Ce n’est pas trop déprimant ?
De septembre à décembre 2023, je me suis effectivement entraîné tout seul. Mais j’ai repris du plaisir à faire de l’athlé. Ce n’est pas déprimant, car j’aime courir. S’entraîner seul prend moins de temps qu’avec un groupe, je suis beaucoup plus flexible. Je suis le programme d’entraînement de Camille.
Je ne m’entraîne pas pour rien. Je vise les JO de Paris !
Et visiblement, ça marche bien. Pour votre rentrée, il y a deux semaines lors du Regio Meeting 3, vous avez largement battu votre record personnel sur 800 m ?
Ce n’était pas important. C’était juste histoire de faire une course pour retrouver la routine. Mais je n’ai pas essayé d’aller vite. C’était simplement histoire de pratiquer un peu. De courir à nouveau dans un pack. J’ai fait un petit sprint sur la fin, mais c’était plus un entraînement qu’une course.
Et dimanche, sur 1 500 m cette fois, ce sera encore le cas ?
Non, ce sera une vraie course. Avec des mecs qui valent moins de 3’35« , avec la wavelight. J’ai prévu de passer en 1’55« aux 800 m et on verra bien ensuite. Si je peux faire 3’36« , ce serait déjà un bon début.
Et ensuite, quel est le programme ?
Je rentre aux États-Unis lundi. Ensuite, j’ai deux miles prévus début février, peut-être aussi une course sur route. Et après, une fois l’année scolaire terminée en mai, je rentre au Luxembourg pour faire une saison en Europe.
Avec quels objectifs?
Je vise grand. Je ne m’entraîne pas pour rien. Mon but, c’est d’aller aux JO de Paris !