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Nicolas Schmit sera bien «Spitzenkandidat» aux Européennes


Nicolas Schmit est loué par ses pairs pour son travail ayant permis de «construire une Europe plus forte, plus juste et plus durable». (Photo : union européenne)

Les dés sont jetés. Le commissaire européen du Luxembourg, Nicolas Schmit, est le seul membre du Parti socialiste européen à avoir postulé pour devenir la tête de liste de la famille social-démocrate aux élections européennes de début juin. Sa future nomination a été officiellement confirmée par le PSE.

Un nouveau Luxembourgeois va-t-il prendra la présidence de la Commission européenne ? Tout dépendra du résultat qui sortira des urnes du 6 au 9 juin dans les 27 pays membres de l’UE, mais aussi de la volonté des chefs d’État et de gouvernement. En tout cas, Nicolas Schmit s’est rapproché d’une possible accession au plus haut poste européen en abordant les élections comme «Spitzenkandidat» du Parti socialiste européen (PSE).

Marc Angel félicite son collègue de parti

L’eurodéputé luxembourgeois Marc Angel a tenu à féliciter son collègue de parti dans un post sur X. «Je félicite de tout cœur mon ami et camarade Nicolas Schmit pour sa candidature comme tête de liste du PSE aux élections européennes», écrit un des vice-présidents du Parlement européen.

Il parle encore de «candidat», car même si Nicolas Schmit est seul en lice pour mener le PSE, sa nomination officielle comme «Spitzenkandidat» nécessitera un vote formel lors du congrès des sociaux-démocrates européens, le 2 mars à Rome.

«Transitions justes et équitables»

Contacté par nos soins, le PSE confirme ce jeudi que le groupe de travail, devant statuer sur le Spitzenkandidat, (…) a confirmé que Nicolas Schmit remplissait les critères nécessaires« pour être nommé comme tête de liste européenne.

«Avec notre famille politique, nous nous battrons pour une législation européenne forte sur des transitions numériques et environnementales justes et équitables», promet Marc Angel dans son message sur X.

«Il a œuvré pour construire une Europe plus forte, plus juste et plus durable»

Le choix de Nicolas Schmit comme «Spitzenkandidat» a été confirmée, ce jeudi après-midi, dans un communiqué officiel du PSE.

«Je confirme que Nicolas Schmit remplit les critères nécessaires pour se présenter comme tête de liste du PSE à la présidence de la Commission européenne. Il a été nommé par le LSAP et a été largement soutenu par les partis membres du Parti. La semaine prochaine, la présidence du PSE validera officiellement sa candidature», détaille Giacomo Filibeck, le secrétaire général du PSE.

Dans le communiqué précité est mis en avant la «vaste expérience» de Nicolas Schmit «dans la construction de l’Europe». «En tant que commissaire européen, (il) a œuvré pour construire une Europe plus forte, plus juste et plus durable, en plaçant les personnes au cœur de son action», ajoute le PSE dans cet écrit.

Autre louange : «Il a fait progresser le travail de la Commission visant à protéger les personnes pendant les multiples crises auxquelles l’UE est confrontée, à mettre la valeur et la dignité du travail au premier plan, à garantir que le travail paie, à assurer l’égalité des chances et l’inclusion sociale (et) à renforcer le marché social européen».

–> Le communiqué intégral, en langue anglaise.

Futur président de la Commission européenne ?

Il reste à savoir quel sera finalement l’avenir européen de Nicolas Schmit. En tant que «Spitzenkandidat» – procédé en vigueur depuis 2014 – il pourrait, comme indiqué ci-dessus, postuler pour prendre la tête de la prochaine Commission européenne.

Pour que ce scénario devienne réalité, deux conditions doivent être remplies. En premier lieu, le Parti socialiste-européen doit sortir gagnant des urnes lors des élections européennes. Ensuite, les chefs d’État et de gouvernement, formant le Conseil européen, devront accepter de tenir compte des «Spitzenkandidaten» pour nommer le nouveau président de l’exécutif européen.

En 2019, le PPE avait remporté la mise à l’échelle européenne avec 20,88 % des suffrages, suivis de près par le PSE avec 17,88 %. Quel sera le rapport de force au soir du 9 juin prochain ?

Feu vert pour Juncker, von der Leyen sortie du chapeau

Jean-Claude Juncker s’était imposé, en 2014, comme tête de liste du Parti populaire européen (PPE). L’ancien Premier ministre luxembourgeois a bien obtenu l’aval du Conseil européen pour devenir président de la Commission (2014-2019). Il est devenu le troisième Luxembourgeois à présider l’exécutif européen, après le libéral Gaston Thorn (1981-1985) et le chrétien-social Jacques Santer (1995-1999).

Cinq ans plus tard, à l’issue des élections européennes de 2019, le Conseil européen a cependant refusé de nommer Manfred Weber, qui avait mené le PPE à la victoire. Au bout de longues tractations, les chefs d’État et de gouvernement avaient sorti de leur chapeau Ursula von der Leyen, alors ministre allemande de la Défense.

Ce choix avait provoqué l’ire du Parlement européen, défendant davantage le procédé des «Spitzenkandidaten» que le Conseil européen, qui aura aussi cette fois le dernier mot.

Vers un bras de fer Hansen (CSV) – Schmit (LSAP) ?

Un autre facteur pourrait freiner Nicolas Schmit pour rempiler, au moins, comme commissaire européen, peut-être en devenant un des vice-présidents du prochain exécutif européen. La tradition au Luxembourg veut que le commissaire soit désigné par le gouvernement au pouvoir, formé depuis mi-novembre par le CSV et le DP. Lors des négociations de coalition, le choix est tombé sur l’ancien eurodéputé chrétien-social Christophe Hansen, ayant décroché lors des législatives du 8 octobre un siège à la Chambre des députés.

Est-ce que le scénario de 2014 va se répéter?  À l’époque, Nicolas Schmit avait été choisi par le gouvernement Bettel I, formé par le DP, le LSAP et déi gréng, pour devenir commissaire européen. L’ancien ministre du Travail a été obligé de se mettre en retrait pour ouvrir la voie à Jean-Claude Juncker, dont le choix comme président de la Commission européenne avait été validé par le gouvernement tricolore.

Le CSV déjà d’attaque

Au CSV, on renvoie depuis l’annonce de la candidature potentielle de Nicolas Schmit comme «Spitzenkandidat» au résultat mitigé de l’actuel commissaire aux Européennes de 2019. Il s’était classé, avec 39 000 voix, en 6e et donc dernière position parmi les élus luxembourgeois, loin derrière les deux élus du CSV : Christophe Hansen (2e) avec 62 622 voix et Isabel Wiseler-Lima (5e) avec 49 496 voix.

Le DP de Charles Goerens (1er avec 97 445 voix) avait remporté le scrutin au Grand-Duché (21,44 %). Dans le sillage du doyen des eurodéputés luxembourgeois s’était classée en 4e position Monica Semedo, qui a claqué, en 2021, la porte du DP, après avoir été accusé de harcèlement moral à l’encontre de ses assistants au Parlement européen.

Le CSV est sorti deuxième des urnes avec 21,1 %, suivis par déi gréng de Tilly Metz (élue en 3e position avec 55 359 voix).

Le LSAP avait sauvé de justesse son siège au Parlement européen avec un score de 12,19 %. Ce dernier est aujourd’hui occupé par Marc Angel (28 418 voix) venu prendre la relève de Nicolas Schmit, parti, avec cinq ans de retard, à la Commission européenne.