Le commissaire luxembourgeois est jusqu’à présent le seul candidat en lice pour emmener les sociaux-démocrates européens aux élections du 9 juin. Le LSAP loue les mérites de son ancien ministre.
Interrogé début novembre dans nos colonnes, Nicolas Schmit avait déjà laissé entrevoir qu’il ne comptait pas quitter la Commission européenne sans avoir mené une dernière bataille électorale. Vu la mise à l’écart de son parti, le LSAP, du gouvernement, ses chances de décrocher un second mandat à Bruxelles semblaient réduites à néant. Or, l’ancien ministre socialiste avait tenu à rappeler aussitôt que «le gouvernement sortant, dont le CSV n’était pas membre, a bien soutenu la candidature de Jean-Claude Juncker pour devenir président de la Commission européenne».
Est-ce que le scénario de 2014 va se répéter ? En tout cas, Nicolas Schmit est bien positionné pour aborder les élections européennes de début juin comme «Spitzenkandidat» de sa famille politique des socialistes-démocrates (S&D). Le dernier délai pour poser sa candidature est fixé à demain. Le commissaire luxembourgeois est jusqu’à présent le seul à avoir affiché ses ambitions. Mieux, il pourrait compter sur le soutien de quelques ténors, dont le SPD du chancelier allemand, Olaf Scholz.
Également candidat sur la liste du LSAP ?
Un candidat de dernière minute va-t-il venir griller la politesse à Nicolas Schmit? En tout état de cause, la décision formelle sera prise lors d’un congrès, prévu le 2 mars à Rome. Selon Marc Angel, l’ancien ministre possède toutes les chances pour s’imposer. «Il est vu comme quelqu’un de très compétent, notamment grâce à son travail assidu pour approfondir l’Europe sociale. Cet engagement lui vaut le soutien de la confédération syndicale européenne, mais aussi de bon nombre de membres du groupe S&D», relate l’eurodéputé du LSAP.
«On ne s’en rend pas toujours compte au Luxembourg, mais il est aussi un des commissaires les plus appréciés dans l’hémicycle. Nicolas Schmit reçoit des louanges non seulement de notre famille politique, mais aussi des conservateurs, des libéraux et des verts. Il possède cette capacité à rassembler les gens afin de mener une action politique concrète», ajoute un des vice-présidents du Parlement européen.
S’il remporte la mise, Nicolas Schmit n’aura pas l’obligation de figurer sur la liste européenne du LSAP. «Ce sera son choix, mais il faut savoir qu’en tant que tête de liste, Nicolas Schmit devra faire campagne à travers les 27 pays membres de l’UE», évoque Marc Angel, pressenti pour mener la campagne du LSAP au Luxembourg. «La décision finale appartiendra à nos instances. Moi, je peux vivre avec tout le monde. Le plus important est que le LSAP décroche le plus de voix possible, surtout au vu des lourds enjeux qui se présentent à l’UE», termine l’eurodéputé sortant.
Le gouvernement pris de court ?
Chassé en octobre 2013 du pouvoir, Jean-Claude Juncker (CSV) avait décidé de prendre sa revanche politique en devenant tête de liste du Parti populaire européen (PPE). Vu le score signé par le parti mère du CSV aux élections européennes, l’ancien Premier ministre s’est retrouvé en pole position pour devenir président de la Commission européenne. Le gouvernement Bettel I, formé par le DP, le LSAP et déi gréng, a rapidement accepté de lui libérer la voie, même si la tradition veut que le commissaire luxembourgeois soit issu des rangs de la majorité au pouvoir.
L’accord de coalition signé en novembre dernier entre le CSV et le DP prévoit que le député chrétien-social Christophe Hansen retourne en tant que commissaire à Bruxelles, après avoir déjà siégé de 2018 à 2023 au Parlement européen. Un score solide de Nicolas Schmit comme tête de liste des socialistes européens pourrait-il redistribuer les cartes? Dans les rangs du CSV, on préfère botter en touche en renvoyant vers le résultat de l’actuel commissaire luxembourgeois aux européennes de 2019 (39 000 voix pour Schmit contre 62 622 pour Hansen). Un bras de fer n’est cependant pas à exclure.
On sent que Schmit va nous sortir un score a couper le souffle