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La CGFP en guerre pour ses soldats


L’accord salarial avait aboli le système d’évaluation des fonctionnaires. Sauf pour les militaires, où les choses sont différentes.   

La Confédération générale de la fonction publique (CGFP) ne veut pas entendre parler d’un système d’évaluation basé sur les compétences pour les effectifs de l’armée. Dialogue de sourds.

La Confédération générale de la fonction publique (CGFP) n’est pas prête à enterrer la hache de guerre. Elle en veut toujours au gouvernement de ne pas respecter l’accord salarial de décembre 2022 par rapport au personnel de l’armée. La CGFP a reproché à l’ancien gouvernement la réintroduction d’un système d’évaluation des militaires via l’article 32 de la loi concernant l’organisation de l’armée luxembourgeoise, votée en juillet dernier, et elle reproche au nouveau ministre de défendre son prédécesseur.

Vendredi, la CGFP communiquait qu’au deuxième rendez-vous devant la commission arbitrale, chaque partie campait sur ses positions. La conciliatrice a indiqué à la confédération qu’il s’agissait d’un problème sectoriel et qu’à ce titre la délégation de la CGFP n’était pas recevable comme telle.

Il en faut plus pour démonter le tout-puissant syndicat de la fonction publique qui continuera à tenir tête au gouvernement, en brandissant l’accord salarial qui avait aboli le système d’évaluation des fonctionnaires. Sauf pour les militaires, où les choses sont différentes.

L’ancien ministre François Bausch avait expliqué que le système d’avancement en grades militaires n’était pas nouveau, et qu’il était prévu dans les textes depuis 1954 où il est fait mention d’un système d’appréciation. Le Conseil d’État était là pour le rappeler. Le ministre écolo de l’époque précisait que ce système, évaluant les qualités professionnelles, éthiques et physiques, était spécifique au régime militaire et essentiel pour garantir la sécurité des militaires déployés.

«Un avancement en grades militaires va de pair avec une augmentation des responsabilités sur le plan militaire», justifiait le ministre, ajoutant que «seules les personnes remplissant les caractéristiques requises devraient être en mesure de commander le personnel sous leur responsabilité». Surtout, il est indispensable que l’armée dispose, à l’instar des autres armées OTAN et UE, d’un système d’appréciation pour continuer à rester crédible sur le plan international.

La CGFP ne l’entend pas de cette oreille alors qu’elle est assurée que cette mesure n’a aucun impact sur le niveau de rémunération et les avancements en grade. «En introduisant les grades militaires, distincts des grades de traitement de la fonction publique, l’armée aura tous les moyens nécessaires pour organiser sa structure hiérarchique sans que cela ait un impact sur le traitement des militaires concernés», insistait la direction de la Défense l’été dernier pour répondre aux attaques de la CGFP. Aucun compromis n’a été trouvé.

La confédération syndicale constate amèrement que «les responsables gouvernementaux ont refusé de discuter du fond du problème».  En rejetant le pouvoir de représentativité de la CGFP dans la discussion, le conciliateur n’a fait que mettre de l’huile sur le feu, à lire les commentaires de la CGFP dans son communiqué de vendredi. Pour le syndicat, il y a violation de l’accord salarial qui doit s’appliquer à la lettre pour les militaires aussi.

«La violation avérée de l’accord salarial est un affront envers tous les employés de l’État», lance la CGFP, en dépit des assurances du gouvernement selon lesquelles les dispositions de l’article 32 «ne remettent aucunement en question le consensus de l’accord salarial».

Dialogue stérile

La nouvelle loi sur l’organisation de l’armée a introduit des nouvelles carrières et des nouvelles voies de promotion professionnelle (voie express et carrière ouverte), mais a maintenu une évaluation que la CGFP ne peut encaisser. La promotion des militaires selon leurs compétences n’est pas envisageable pour elle.

La deuxième réunion de conciliation est restée vaine. Le nouveau ministre de la Fonction publique, Serge Wilmes, a défendu les arguments de l’ancien ministre de la Défense, François Bausch.

La CGFP va continuer à fourbir ses armes. Les relations avec le nouveau gouvernement ne vont pas s’améliorer sur ce dossier.