Alors qu’on parle de plus en plus du sport féminin, la footballeuse Isabel Albert, joueuse de la sélection nationale, regrette que les équipes féminines passent toujours au second plan.
Dans le milieu du football, qui compte plus de 42 000 licenciés et une centaine de clubs au Luxembourg, la place réservée aux équipes féminines est encore étroite. Même si des initiatives émergent pour tenter d’équilibrer les effectifs. Ainsi, depuis 2022, la fédération organise le Girls Foot Day pour populariser la discipline auprès des jeunes filles. La deuxième édition, qui a eu lieu en juillet, a presque doublé les inscriptions.
Des petits pas qui sont pourtant loin de suffire aux yeux d’Isabel Albert, footballeuse de l’équipe nationale : «On perçoit des changements, on est davantage contactées en tant que joueuses pour parler du sport féminin. Les réseaux sociaux jouent un grand rôle aussi, en faisant circuler les informations beaucoup plus facilement et en touchant les jeunes générations. Mais sur le terrain, peu de choses bougent en réalité», regrette-t-elle.
Si elle se réjouit d’une certaine augmentation de la visibilité du football féminin ces dernières années, notamment dans le sillage de la Coupe du monde, elle note aussi que le public n’est pas forcément au rendez-vous : «Lors de nos matches le week-end, les gradins sont quasiment vides, il n’y a pas tellement de spectateurs. Il faut dire que rien n’est fait pour les attirer! On joue toujours le samedi soir à 19 h… Les garçons, eux, c’est le dimanche après-midi», explique-t-elle, ajoutant que les joueuses sont en permanence comparées à leurs collègues masculins, entretenant un climat propice aux préjugés.
«Beaucoup de paroles et peu d’actions»
Des stéréotypes contre lesquels elle doit lutter depuis toujours, elle qui a chaussé les crampons dès le plus jeune âge : «Mes frères faisaient du foot, j’ai voulu m’y mettre aussi. À l’époque, les équipes de filles, c’était rare! Je marquais beaucoup de buts et je me rendais compte que ça irritait les parents de mes coéquipiers. À 14 ans, on est venu m’expliquer que je ne pouvais plus jouer dans l’équipe parce que j’étais une fille», se souvient la sportive.
Laisser la place aux garçons, voilà ce qu’on continue à demander aux footballeuses : «On est constamment reléguées au second plan. Par exemple, si on demande à disposer du terrain entier pour s’entraîner, ce sont les hommes qui sont prioritaires», raconte Isabel Albert.
Aujourd’hui, la jeune femme aimerait surtout voir les instances sportives nationales et les autorités politiques davantage investies et déterminées à porter le sport féminin. «On manque de soutien. Jusqu’ici, c’est beaucoup de paroles, mais peu d’actions», dénonce-t-elle.
Sport féminin : le défi de l’égalité