Le ministre des Affaires intérieures reproche à l’artiste d’avoir provoqué le vandalisme sur sa maison. Samedi, Serge Tonnar a accusé en retour Léon Gloden de «se mettre au service de l’extrême droite».
Une interview accordée vendredi à nos confrères de L’essentiel a mis le feu aux poudres. Dans cet entretien, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV) – victime il y a une semaine d’un acte de vandalisme sur son domicile – a cru bon s’attaquer à l’artiste Serge Tonnar, après que ce dernier eut fait usage de la satire pour critiquer la décision de cautionner l’interdiction de la mendicité à Luxembourg.
«J’ai constaté des réactions dans le milieu artistique, par exemple de M. Serge Tonnar, avec ses photomontages et son poème, qui est je dois dire très limite», s’est plaint Léon Gloden. Il a ajouté que «tous ces gens doivent se demander s’ils ne sont quand même pas à l’origine de cette action inacceptable contre (sa) famille».
Cette attaque frontale contre le milieu artistique a fait d’importantes vagues tout au long du week-end. La divulgation par le ministre en charge de la Sécurité intérieure d’éléments de l’enquête, qui doit en principe rester secrète, a été moins fustigée. «Des empreintes ont été relevées sur les roues de la voiture de mon fils», a précisé Léon Gloden dans les colonnes de nos confrères, à propos de l’enquête lancée après qu’un muret de sa maison à Grevenmacher a été tagué («Nee zum Heescheverbuedt») et les pneus de la voiture de son fils, crevés.
Le ministre démuni assis dans la rue
Le 22 décembre, Serge Tonnar a publié sur son compte Facebook un poème adressé à Léon Gloden. Le texte était accompagné d’une photo générée par intelligence artificielle. Elle montre le ministre assis, le regard vide, en pleine rue et avec un gobelet à la main. «Imagine-toi que tu es à terre. Imagine que t’es fauché. Et puis, un Léon t’approche. Et te dit que tu n’as rien à chercher ici», écrit notamment l’artiste dans son poème rédigé en allemand et traduit ici par nos soins. «Toi et tes amis au pouvoir. Qui devant le gobelet se font dessus dans leurs coûteux pantalons», enchaîne Serge Tonnar, qui vise le ministre du CSV, mais aussi les édiles libéraux et chrétiens-sociaux de la ville de Luxembourg.
Cette publication, créditée d’un «J’aime» à quelque 270 reprises, a été partagée 57 fois. Suffisant pour générer de la haine? Clairement non, répond Serge Tonnar dans une lettre ouverte publiée samedi. Léon Gloden «profite (…) de ces actes stupides (NDLR : de vandalisme) pour se poser en victime, accuser ses détracteurs et faire diversion dans le débat autour de l’interdiction de la mendicité. À aucun moment, il ne réagit au fond de mon action, un poème accompagné d’une caricature, qui l’invite à montrer de la grandeur, se souvenir des valeurs sociales et chrétiennes et revenir sur sa décision au sujet de la mendicité», souligne l’artiste luxembourgeois.
«En jouant avec la peur irrationnelle des citoyens, en interdisant la mendicité et en s’attaquant par la suite aux artistes et critiques, Léon Gloden ne fait pas seulement dans le populisme, mais se met carrément au service de l’extrême droite», ajoute le chanteur.
Au lieu de montrer de la «hauteur d’esprit», Léon Gloden préférerait «écarter froidement les obligations morales, sociales et culturelles qui viennent avec sa fonction. La question s’impose alors s’il est apte à exercer son mandat de façon sereine et impartiale, d’autant plus qu’il est responsable de la sécurité intérieure et à la tête des forces de l’ordre», fait encore remarquer Serge Tonnar, qui conclut sur une note inquiétante : «Son attitude peut faire peur, il suffit d’imaginer cet homme au pouvoir dans un prochain état d’urgence.»
Bravo Serge.
«En jouant avec la peur irrationnelle des citoyens, en interdisant la mendicité et en s’attaquant par la suite aux artistes et critiques, Léon Gloden ne fait pas seulement dans le populisme, mais se met carrément au service de l’extrême droite», ajoute le chanteur.