Thionville s’est incliné dimanche contre Marseille, malgré tous ses anciens pensionnaires de BGL Ligue.
Quand Valentin Poinsignon et ses 79 matches de DN entre 2013 et 2017 avec le Progrès Niederkorn se sont extirpés du vestiaire avec un panneau indicateur «Thionville – Marseille, 7 janvier 2024» sous le bras, qui leur servira de souvenir pour le restant de leurs jours et à l’issue d’une performance cinq étoiles contre l’OM, le latéral droit avait un sourire apaisé. Lui qui n’avait pas été conservé pour un manque de statistiques a bien changé depuis six ans. Et il porte bien cette expérience acquise en France : «J’étais un enfant quand je suis arrivé au Grand-Duché, mais j’en étais reparti en adulte, après avoir vécu de bonnes et de mauvaises expériences.»
Hier, dans LE match de ce début d’année, la BGL Ligue avait une petite part de responsabilités. C’est elle qui a lancé ou relancé une grande partie des garçons qui ont tenu la Lorraine en haleine.
Les ex-Progrès font un immense match!
Thionville a en effet depuis quelques mois un arrière-goût de Luxembourg qu’on ne pouvait pas ne pas sentir, hier, au coup d’envoi d’une rencontre qui a attiré deux fois plus de spectateurs (28 000) à Saint-Symphorien que le Metz – Clermont (1-1, 1-3 tab) qui avait eu lieu 48 heures plus tôt.
Sur la pelouse, un gardien (Theo Junker, ex-Hostert époque PH), une défense à 75 % ex-BGL Ligue (Poinsignon donc et Adrien Ferino, ex-Progrès, Vincent Collet, ex-Pétange), mais aussi une attaque 100 % anciens de DN, avec un Ibrahim Baradji et un Thibaut Jacquel qui sévissaient à Mondorf en 2021/2022. Et si Maxime De Taddeo (Differdange, Jeunesse) était blessé aux ischios, Lucas Pignatone (RFCU), Ryad Habbas (Progrès, Hostert, Swift) et Joris Belgacem (Hamm) étaient sur le banc. Une avalanche d’anciens qui portaient leur passé en bandoulière. «J’ai eu plein de demandes d’anciens coéquipiers du Progrès. J’ai pu leur trouver des places», sourit Ferino.
Des «anciens» Luxembourgeois bien présents
Qu’ont-ils vu ? D’anciens «Luxembourgeois» très largement à la hauteur. Junker ? Une claquette décisive sur un tir puissant de Veretout, seul au deuxième poteau (51e). Poinsignon ? Tranchant dans la plupart de ses duels contre l’ancien de l’Atlético Madrid Renan Lodi, sorti à la pause, et dont les ouvertures dans le dos de la défense olympienne ont été quasiment systématiquement dangereuses. Ferino ? Auteur d’un match quasi parfait défensivement, réfrigérant tous les attaquants tour à tour et anesthésiant littéralement l’international français Jordan Veretout à l’épaule (44e). Collet ? Il a multiplié les jaillissements décisifs dans sa surface de réparation pour empêcher l’OM de se créer des occasions.
Même les attaquants ont existé face aux monstres de la charnière à trois Meïté-Gigot-Berardi. Mais Baradji, tout près de passer devant Meïté sur un long ballon (36e), et Jacquel, qui a volé un ballon plein axe aux 35 mètres, mais a vu son tir-lob passer à côté (38e), devront se contenter d’avoir «failli» ouvrir le score contre le 6e de Ligue 1.
Luxembourg ou France, «ce n’est pas la même Coupe»
Entre les titulaires, qui pesaient 315 matches dans l’élite luxembourgeoise, et leurs remplaçants, qui ont porté ce total à 388, il n’y avait quand même pas de quoi faire vaciller les hommes de Gennaro Gattuso, qui ont fait physiquement la différence en deuxième période, profitant des espaces pour s’offrir un long ballon dans la course d’Aubameyang (0-1, 62e). Une implacable logique qui n’a pas terni ce grand moment.
Pas pour Vincent Collet, passé des 200 spectateurs de moyenne du Titus à un stade plein en Ligue 1 : «Ah oui, il y a quand même une petite différence entre la Coupe de Luxembourg et celle qu’on joue en France. Ici, on peut s’offrir des événements qu’on ne vit qu’une fois dans une vie.» C’est vrai… sauf pour Adrien Ferino, qui a connu l’Europe avec Niederkorn et notamment le déplacement de 2016 à Ibrox Park contre les Glasgow Rangers, soutenus par 50 000 personnes : «Mais ça, c’était au-dessus, sourit-il. Cela ne m’empêche pas de penser à mon ancien club : j’espère non seulement qu’il sera européen cet été, mais surtout qu’il gagnera un titre.»
Pourtant, dans ce beau moment de sport, c’est bien Thibaut Jacquel qui sortira du terrain avec la plus belle histoire, ravi d’avoir pu recroiser son ancien capitaine au Fola, Julien Klein, en bonne santé (lire ci-dessous) : «Cela m’a fait plaisir de le voir avec des cheveux et une barbe. Il m’a dit après le match qu’il allait bien. Je l’embrasse fort !»
Le Fola n’avait pas qu’un ancien joueur sur la pelouse, hier, à Saint-Symphorien. L’excellente nouvelle est en effet venue au coup d’envoi, quand le capitaine du club doyen, Julien Klein, ancien joueur de Thionville, a été annoncé «en rémission» du cancer contre lequel il lutte depuis plus de six mois et pour lancer la partie. Souriant, flanqué d’une jolie petite foulée, il a paru prêt à faire ce que son ancien coéquipier et désormais coach, Stefano Bensi, semblait espérer pour lui à la fin de l’automne : «recourir bientôt». Ce serait aussi fou que ce match.