En 37 ans à la mairie de Metz, Jean-Marie Rausch a laissé une trace indélébile dans le tissu urbain. Voici ses principales réalisations.
L’écologie urbaine
Lorsque Jean-Marie Rausch convainc Jean-Marie Pelt de s’engager à ses côtés pour les municipales de 1971, le futur maire de Metz fait une promesse au botaniste : aménager à Metz un lieu dédié à l’écologie. Ce sera l’Institut européen d’écologie, qui verra le jour au cloître des Récollets. À partir de là, Metz va devenir une ville laboratoire pour les théories de l’écologie urbaine mises au point par Jean-Marie Pelt et Roger Klaine.
Tous les dimanches soir, Rausch, Pelt et Klaine se retrouvent à dîner pour imaginer la ville écologique. C’est ainsi qu’est né le plan d’eau, la ville verte que l’on connaît aujourd’hui. En 1970, Metz comptait 180 hectares d’espaces verts. Elle en a aujourd’hui 625 hectares.
Une nouvelle vision urbanistique
Avec Jean-Marie Pelt, Jean-Marie Rausch partage une autre conviction. Il faut stopper certains des grands projets de rénovation urbaine entrepris par Raymond Mondon dans l’après-guerre. Il sauve le quartier Outre-Seille, promis à la démolition. Il revoit le projet du Pontiffroy et sauve ce qui peut encore l’être sur l’îlot Saint-Jacques. Il dote aussi la colline Sainte-Croix d’équipements publics de qualité pour redonner de l’attractivité au quartier. Au béton, Jean-Marie Rausch préfère la pierre de Jaumont. Il engage une vaste opération de rénovation des façades du centre-ville. C’est aussi le maire de la piétonisation, qu’il achèvera dans son dernier mandat avec la place de la République et la place Saint-Louis. C’est enfin un spécialiste de la requalification. Metz dispose de nombreux bâtiments à haute valeur patrimoniale dont l’armée se sépare progressivement. C’est ainsi que Jean-Marie Rausch ose donner une deuxième vie à l’Arsenal ou à la Citadelle.
Une cité technologique
En 1987, Jean-Marie Rausch publie Le Laminoir et la puce, un ouvrage dans lequel il dit sa passion pour l’informatique et la télématique. Sous son impulsion, Metz a été la première grande ville câblée de France. Elle a aussi été le lieu d’expérimentation de la visioconférence. Dans les années 80 et 90, les plus grands noms de l’industrie informatique figurent dans le carnet d’adresses de Jean-Marie Rausch. En 1995, dans un petit recueil édité à l’occasion du 25e anniversaire de son accession à la mairie de Metz, on trouve d’ailleurs ce petit message de Jean-Louis Gassée, ancien cadre dirigeant d’Apple : «Ce que prêche Jean-Marie Rausch, c’est un évangile de technologie utile aux hommes et aux entreprises.» Ce carnet d’adresses, il le met au service de Metz en créant le Technopôle. SFR, TDF et d’autres grands groupes de télécommunication s’y installent rapidement, suivies par des grandes écoles d’ingénieurs. Un succès économique et une manne financière pour la Ville. Féru de technologie, Jean-Marie Rausch a fait de la ville de Metz une pionnière de la visioconférence.
Un temple de la musique
«L’Arsenal est ma fierté», dira Jean-Marie Rausch dans une interview accordée au Républicain lorrain fin 2007, à quelques mois de sa défaite. Inaugurée par Rostropovitch en personne en 1989, la salle de spectacle a célébré ses 30 ans en 2019 et n’a pas pris une ride. Dans ses mémoires, Jean-Marie Rausch expliquait ceci : «Je me suis rapidement rendu compte que l’amélioration de l’urbanisme et le redressement des finances ne suffisaient pas pour changer de manière significative l’image de Metz et des stéréotypes qui vont avec. Il fallait aussi que Metz améliore son offre culturelle.»
Le Centre Pompidou-Metz
Le Centre Pompidou-Metz s’inscrit dans cette ambition. Et résulte d’une intuition de Jean Marie Rausch selon laquelle un centre d’art contemporain pourrait être un formidable accélérateur touristique pour une ville. Lorsque Jean-Jacques Aillagon, alors président du Centre Pompidou, cherche une ville de province pour accueillir la première décentralisation du centre d’art, Lille, Caen, Montpellier et Nancy déclinent. Jean-Marie Rausch, lui, dit «banco». Cela tombe bien : il dispose d’un emplacement de choix, sur ce futur quartier de l’Amphithéâtre dont il prépare les plans. La suite, on la connaît : la barre du million de visiteurs a été franchi dès le 16e mois de fonctionnement.
La naissance de l’intercommunalité
En matière d’intercommunalité, Metz n’a pas été en avance sur son temps. Il faut dire qu’en intégrant les villages de Magny, Vallières et Borny dans les années 60, la ville disposait de l’espace vital nécessaire pour assurer son développement. Longtemps, il y a eu le district, qui fonctionnait avec des compétences a minima. Mais au tournant des années 2000, Jean-Marie Rausch crée la communauté d’agglomération de Metz Métropole. Il lui donne rapidement de la consistance en la chargeant des grands projets structurants : le Centre Pompidou-Metz, le quartier de l’Amphithéâtre, le réseau de transports… Quelques années plus tard, sous l’impulsion de ses deux successeurs Dominique Gros et Jean-Luc Bohl, elle obtiendra le statut de métropole.