Accueil | A la Une | ONG luxembourgeoises : le Sahel a toujours besoin d’aide

ONG luxembourgeoises : le Sahel a toujours besoin d’aide


Les femmes et les enfants, et tout particulièrement les filles, sont les plus affectés par les multiples crises.

Entre la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien, le Sahel, en proie à de multiples crises qui ne cessent de s’aggraver, a tendance à être occulté. Les ONG luxembourgeoises appellent à continuer la mobilisation en faveur de cette région.

Le monde s’embrase et les crises graves se succèdent, éclipsant parfois celles qui les précèdent et demeurent pourtant toujours d’une terrible actualité. C’est le cas pour le Sahel, vaste région africaine dont six pays en particulier retiennent l’attention des ONG luxembourgeoises : le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le Tchad.

Dans cette zone où les crises convergent – crises environnementale, sanitaire, politique, sécuritaire –, la situation est «dramatique», alerte le Cercle de coopération des organisations non gouvernementales de développement, plateforme des ONG luxembourgeoises actives dans la solidarité internationale. Selon l’ONU, plus de 34,5 millions de personnes de cette région ont besoin d’aide humanitaire et de protection.

Les attaques commises par des groupes terroristes et des bandes armées, mais aussi le changement climatique, entraînent dans l’ensemble de cette région d’importants mouvements de population. Le Burkina Faso, pays de 22 millions d’habitants, compte ainsi plus de deux millions de déplacés internes.

Il résulte de tous ces facteurs interconnectés (auxquels s’ajoutent une démographie galopante et la dégradation des sols) une grande insécurité alimentaire, encore aggravée par la guerre en Ukraine et son impact sur le prix des matières premières.

Les enfants et les femmes sont les plus touchés par toutes ces crises : d’après l’Unicef, dix millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire au Burkina Faso, au Mali et au Niger. C’est deux fois plus qu’en 2020.

«L’insécurité, les restrictions de mobilité et l’érosion des moyens de subsistance touchent [tout le monde], mais ce sont les femmes et les filles qui sont davantage exposées aux violences sexistes et domestiques», écrit le Cercle de coopération dans un communiqué. En raison de la précarité, des normes entourant la condition féminine et des défaillances de l’État et des infrastructures, celles-ci «sont souvent obligées d’adopter des stratégies d’adaptation négative comme l’abandon scolaire et le mariage précoce».

Dans ces pays qui connaissent une croissance démographique élevée et dans lesquels 50 % de la population a moins de 15 ans, nombre d’enfants n’ont plus accès à l’éducation de base (plus d’un million rien qu’au Burkina Faso).

«Plus de 6 000 écoles ont fermé au Burkina, 11 000 dans le Sahel, en raison des attaques», indique Luc Siebenaller, directeur du Soleil dans la main, ONG spécialisée dans la protection de l’enfance. En outre, «beaucoup de jeunes se retrouvent dans une grande précarité dans les grandes villes après avoir fui les zones rurales attaquées. Ils perdent leur dignité et, faute de perspectives et d’alternatives, ils deviennent une proie facile pour les oppresseurs.»

Construction d’écoles et de centres de soins

Grâce à leurs réseaux sur le terrain, les ONG parviennent à opérer dans des zones reculées où, souvent, les administrations nationales se sont désengagées. Elles y fournissent les services de base et une aide humanitaire à ces populations délaissées, en construisant par exemple des écoles en urgence dans les zones où affluent les déplacés ou des centres de soins installés dans les villages isolés.

Les ONG continuent d’œuvrer en dépit des changements politiques, anticonstitutionnels et antidémocratiques, changements qui accroissent d’autant le travail des défenseurs des droits humains et la nécessité de soutenir les organisations de la société civile.

Face à l’ampleur de la tâche dans ce contexte toujours sombre, le Cercle des ONGD invite les donateurs à ne pas oublier cette région, rappelant au passage que la situation là-bas a des répercussions directes ici : «Beaucoup de personnes migrent de cette zone vers l’Europe parce qu’elles n’ont plus de perspectives», souligne Luc Siebenaller.

Au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Les indicateurs de développement humain (IDH) y sont parmi les plus bas du monde : le Burkina Faso (qui occupe la 184e place 191), le Mali (186), le Niger (189) et le Tchad (190) figurent même tout au bas de ce classement.

«L’État soutient prioritairement quatre des six pays sahéliens (Sénégal, Burkina Faso, Mali et Niger) depuis des années et sa position est très claire : il n’est aucunement question d’un retrait à l’heure actuelle, déclare Luc Siebenaller.

«Mais quand il y a de grandes crises très médiatisées, les donations privées partent vers ces régions – à juste titre bien sûr! Nous lançons juste un appel aux donateurs pour qu’ils n’oublient pas le Sahel et continuent de témoigner de leur solidarité envers ces populations et de les appuyer», ajoute le directeur du Soleil dans la main.