Hilarité à la Chambre. Pourtant, les députés étaient amenés à débattre, mardi, d’un sujet grave. Le ministre Léon Gloden a néanmoins réussi la prouesse d’amuser la galerie, en clamant que «la mendicité simple n’est pas visée» à Luxembourg. Or le texte validé interdit désormais «toute forme de mendicité organisée ou en bande» et, en même temps, «toute autre forme de mendicité». Mise dos au mur par le LSAP et déi gréng, la députée-maire de la capitale s’est vue obligée d’admettre que, «sur base du texte», l’interdiction est bien généralisée. Mais, ajoute Lydie Polfer, elle a été forcée d’ajouter ce passage pour enfin sévir. «Le premier texte était très clair, mais depuis des décennies, il ne se passait rien», déplore l’élue libérale.
Sa ligne de défense ne tient pas la route. Si le règlement de base, jamais remis en question, est aussi clair, pourquoi police et justice n’ont pas réussi à endiguer la mendicité organisée? Un manque de moyens est avancé, mais ce sont visiblement les preuves suffisantes qui font défaut pour traduire en justice les bandes qui débarqueraient «tous les matins sur le boulevard Royal, à bord de limousines allemandes arborant des plaques belges», pour reprendre l’exemple cité par Léon Gloden sur la radio 100,7. Le ministre chrétien-social affirme qu’il s’agit d’une traite «prouvée» d’êtres humains intolérable. Mais, encore une fois, si la situation est si claire, pourquoi forces de l’ordre et parquet ne sont pas en mesure de réprimer le phénomène? Faisons remarquer que le règlement révisé ne vise pas les trafiquants, mais les victimes de cette supposée traite. Toujours pas d’indications sur la manière dont les agents vont pouvoir faire la différence entre «bons» et «méchants» mendiants. D’ailleurs, même les plus paisibles n’auraient même plus le droit de déposer un simple gobelet à leurs pieds.
En fin de compte, l’interdiction de la mendicité dans la capitale ressemble à une faveur politique pour engager le virage répressif prôné par le CSV et le DP.
Terminons avec un brin d’ironie : a priori, même les quêteurs d’ONG postés dans la Grand-Rue devraient être bannis du centre-ville. Car les militants de Greenpeace ou d’Amnesty International abordent les passants de manière proactive, ce qui dérange des citoyens. Allez comprendre…