Dans La Femme qui pleure , Zoé Valdès raconte brillamment cinq jours de la vie de celle qui fut l’amante, la muse et la victime de Picasso.
C’est la Picasso-mania! Depuis ce 7 octobre, on peut admirer cent chefs-d’œuvre du maître au Grand Palais, à Paris. Toujours dans la capitale française, à partir de mardi prochain, pour fêter ses trente ans, le musée national Picasso y va aussi de sa contribution. Dans le même temps, parait La Femme qui pleure , le nouveau texte de la Cubaine Zoé Valdés qui vit en bord de Seine à Paris. La Femme qui pleure , le titre d’un tableau peint le 26 octobre 1937 par Picasso, ce célèbre portrait déconstruit de Dora Maar, photographe et peintre surréaliste, aussi belle qu’énigmatique… Elle va croiser la vie de Picasso. Devenir son amante, sa muse et aussi sa victime. « Chaque fois qu’on évoque les relations entre Picasso et Dora Maar, c’est souvent pour souligner qu’elle pleurait à flots, en grimaçant, qu’elle criait et devenait horrible », dit Zoé Valdés. « Je ne l’ai jamais vue pleurer sauf sur les portraits que Picasso avait faits d’elle », lui répond Bernard Minoret, un ami de Dora.
Et c’est ça qui fait tout le charme du livre de l’écrivain cubaine : avec une maîtrise rare, elle mêle l’enquête qu’elle mène sur la muse du peintre, et le séjour de cinq jours que Dora Maar a effectué en 1958 à Venise avec l’écrivain Bernard Minoret et le critique d’art James Lord, quelques années après sa séparation d’avec le peintre. Dans La Femme qui pleure , on apprend qu’«elle a été une grande artiste, une femme énigmatique, follement amoureuse de Picasso, (…) qu’elle a souffert en silence de sa rupture avec lui. Elle aurait cessé d’avoir des rapports sexuels à trente-huit ans… Alors qu’elle avait tant d’amis, elle s’est retrouvée absolument seule».
Telle une enquêtrice de faits divers, Zoé Valdés n’a pas lâché la piste. Celle qui l’a conduite à cette femme qui pleure et qui, après le séjour vénitien, s’est retirée du monde. Elle la photographe et peintre qui avait brillé par un style aussi insolite et inattendu que dérangeant, va dès lors vivre mystique et recluse dans on appartement parisien. Au fil du livre, l’auteur, par la voix de la muse Dora M., donne aussi quelques coups de griffe à la légende du génie de la peinture qui n’a pas toujours fait preuve d’une belle grandeur d’âme et d’un sens aigu de l’amitié…
Serge Bressan
La Femme qui pleure , de Zoé Valdés. Arthaud .