Le Premier ministre pro-européen polonais Donald Tusk et son gouvernement ont prêté serment mercredi, mettant officiellement fin à huit ans de pouvoir populiste nationaliste en Pologne.
Politicien chevronné qui a déjà occupé le poste de Premier ministre entre 2007 et 2014, Donald Tusk s’est engagé à rétablir la position de la Pologne au sein de l’UE et à redoubler d’efforts pour apporter une aide accrue à l’Ukraine voisine.
Peu après la cérémonie de prestation de serment, Donald Tusk est parti pour Bruxelles afin de rejoindre les autres dirigeants de l’UE pour discuter de l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et de l’octroi d’une nouvelle aide financière à Kiev.
Mercredi, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a souligné que le soutien à l’Ukraine serait une « priorité » pour la nouvelle administration. « Nous poursuivrons notre politique de soutien à l’Ukraine, à la fois dans sa défense contre l’impérialisme russe et dans ses aspirations européennes », a déclaré Radoslaw Sikorski.
«Ramener la Pologne au coeur de l’UE»
En début de semaine, Donald Tusk a reproché aux dirigeants occidentaux d’exprimer leur « lassitude » face à la situation en Ukraine, alors que les programmes d’aide à ce pays déchiré par la guerre étaient bloqués aux États-Unis et dans l’UE.
Donald Tusk a également promis de débloquer les fonds de relance réservés à la Pologne et bloqués en raison des infractions à l’État de droit commises par le parti Droit et Justice (PiS) précédemment au pouvoir. « Donald Tusk veut ramener la Pologne au coeur de l’UE – c’est précisément là qu’est sa place », a écrit le chancelier allemand Olaf Scholz sur le réseau social X, disant se réjouir « de faire avancer l’UE et les relations germano-polonaises côte à côte avec la Pologne ».
Les liens entre la Pologne et l’Allemagne voisine étaient également tendus, PiS jouant une carte anti-allemande pendant la campagne électorale et lançant des attaques verbales répétées à l’encontre de Donald Tusk et de son parti. Lundi, le chef du PiS, Jaroslaw Kaczynski, a accusé Donald Tusk au parlement d’être un « agent allemand ».
Le PiS a remporté le plus grand nombre de sièges lors des élections législatives d’octobre, mais n’a pas réussi à trouver des partenaires de coalition viables et à trouver le soutien à son gouvernement minoritaire lundi. La Coalition civique de M. Tusk est arrivée en deuxième position, mais a créé une alliance avec deux formations politiques, obtenant ainsi le soutien du Parlement lors d’un vote de confiance mardi.
« Notre patrie est un lieu de miracles politiques et civiques », a déclaré Donald Tusk après la prestation de serment de son cabinet lors d’une cérémonie au palais présidentiel, saluant le taux de participation record aux élections.
Fidèle à la Constitution
Après sa nomination, Tusk a promis que son gouvernement « resterait fidèle aux dispositions de la constitution », faisant référence aux accusations portées contre ses prédécesseurs au pouvoir.
Le cabinet de Donald Tusk comprend l’ancien médiateur des Droits de l’Homme Adam Bodnar, un critique virulent de la réforme judiciaire du PiS, en tant que ministre de la justice. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour réparer ce qui a été cassé », a déclaré Adam Bodnar à la presse.
Le nouveau gouvernement dirigé par Tusk, 66 ans, sera confronté à des batailles quotidiennes avec les députés du PiS qui forment le groupe le plus nombreux à la chambre basse. Le PiS dispose toujours d’alliés à la présidence, à la banque centrale, au Tribunal constitutionnel, à la Cour suprême, ainsi que dans plusieurs institutions judiciaires et financières importantes de l’Etat.
Le Premier ministre définit notamment la politique nationale et internationale de son pays, domaine dans lequel il doit coopérer avec le chef de l’Etat, selon la Constitution.
Volonté de coopération
Lors de la cérémonie mercredi, le président Andrzej Duda, allié du précédent gouvernement PiS, s’est déclaré « ouvert » à une coopération avec le nouvel exécutif, tout en se déclarant attaché à son programme conservateur.
« Je peux vous assurer que je ne m’opposerai pas à ce qui est dans l’intérêt des citoyens et de l’existence de la Pologne », a déclaré le président dont le mandat s’achève en 2025.
Le président polonais, qui est le commandant suprême des Forces armées, dispose notamment d’un droit de veto sur des projets de lois.
« Je pense que vous ferez tout, comme moi, pour que le peuple polonais décide de ses propres affaires et des affaires de sa patrie, pour que la Pologne reste en Europe en tant qu’Etat souverain et indépendant », a ajouté Andrzej Duda, faisant écho à la position euro-sceptique de PiS qui accuse Bruxelles de vouloir limiter les pouvoirs des Etats nationaux.