Le traditionnel marché de Noël médiéval de Dudelange court encore toute cette semaine. On y (re)découvre des savoirs-faire anciens dans une ambiance typique.
C’est une tradition toute dudelangeoise qui reprend ses quartiers au cœur de la Forge du Sud : autour d’un feu de camp, un village médiéval s’est installé pour la première moitié du mois de décembre sur la place Frantz-Kinnen.
Un «Duerf» à part, niché à deux pas de l’hôtel de ville, qui compense sa petite taille par la richesse des stands à visiter et des activités qui égayent toute la journée le parvis de l’église Saint-Martin, remis à l’heure des chevaliers et des ménestrels.
Le marché médiéval, volet incontournable du marché de Noël de Dudelange, était encore timidement fréquenté hier, comme pour conclure un week-end «difficile», miné par le vent et la pluie qui ont rythmé la journée de samedi.
Mais, «même lorsque c’est calme, on est dans une ambiance que l’on apprécie beaucoup. Il y a toujours du passage, de la musique, des animations…», énumère Susi, qui propose à la vente des céramiques de sa fabrication. Et la météo de la semaine prochaine semble plus clémente, se rassure-t-elle.
Assiettes, bols, saladiers, coquetiers, tasses… Les nombreux – et très beaux – objets en grès que la jeune retraitée fabrique dans sa maison de Pétange, où sont également installés son atelier et une salle d’exposition, ne manquent pas d’attirer l’œil des visiteurs.
Depuis huit ans qu’elle tient son (double) stand au marché de Noël médiéval de Dudelange, Susi a toujours connu le même succès, indépendamment des années plus ou moins fastes.
La preuve : tandis que la céramiste raconte être particulièrement touchée par les clients frappés par un «coup de foudre» pour ses objets, une visiteuse se fait l’acquéreuse d’un superbe set d’assiettes d’un gris-bleu tacheté. «Parfois, ça nous tombe dessus sans prévenir», rit la dame, dans la quarantaine. «C’est ma première étape vers une belle table de Noël!»
Céramiques, boulangerie, taverne…
En face de «Susi’s Atelier», une file commence à se former chez Feldbeckerey, probablement attirée par l’odeur du pain. Cette boulangerie traditionnelle implantée près de Coblence, en Allemagne, a déplacé son four à bois jusqu’à Dudelange, pour y proposer ses meilleures spécialités : d’épaisses galettes de pain à l’ail, aux lardons, à la tomate ou encore à la crème fraîche et aux pommes de terre.
«Il est rare qu’un visiteur qui s’arrête devant notre stand résiste à la tentation», s’amuse Harry, le patron, tandis qu’il retourne l’une des quatre fournées que son four permet de cuire en même temps. Lui a passé le plus clair de ses 40 ans en boulangerie à respecter des traditions qui se perdent. Et avec l’approbation des clients, à en juger par le nombre de visiteurs – seuls, en famille, en couple, entre amis… – qui occupent les bancs de la place, en train de savourer les spécialités encore chaudes… que certains oseront redemander.
Un stand de bijoux et objets artisanaux, qui ressemble de loin à une cabane de sorcier, ou une boutique de peaux de bêtes sont d’autres exemples de commerces qui occupent ce village de Noël médiéval. Sans oublier l’immanquable taverne, qui fait déguster son vin chaud et son hydromel à des clients accoudés au comptoir, ou dans l’ambiance serrée, mais chaleureuse, de la cabane boisée qui lui sert d’annexe.
«Découvrir les instruments»
Tout au long de la journée, quiconque traverse la place Kinnen a le loisir de se faire alpaguer par les ménestrels qui chantent et dansent autour du feu, ou encore d’assister au spectacle de William, ce prestidigitateur vêtu comme un magicien du Moyen-Âge, mais qui ressemble à s’y méprendre au Père Noël… Pour les enfants, le carrousel ancien est actionné à la main par sa propriétaire. Dans la ville du «Buergfest», les exposants se disent tous attachés à la tradition de ce rendez-vous où les savoir-faire anciens se perpétuent.
Comme point d’orgue, la visite se termine chez un troubadour plus vrai que nature. C’est en partie chez lui, d’ailleurs, que se fournit la troupe qui anime la place. «Bienvenue dans notre école de troubadours!», s’exclame le «Fiedler». «Ici, nous avons tout ce qu’il faut pour faire de la musique : une trompette marine, une vielle à roue, des violons, des tambours…»
Lui enseigne la musique à Trêves et laisse le soin à des amis luthiers de fabriquer les instruments desquels il joue. Sauf au marché de Noël : «Je préfère laisser les visiteurs découvrir les instruments, les sentir, pour que les instruments se présentent d’eux-mêmes. Ils s’expliquent sûrement mieux que moi!»
Invité à s’asseoir à la place du chef, un jeune homme s’essaye à la vielle à roue, cet instrument au son typique qu’il place contre son ventre et que le musicien harnache dans son dos. De la main droite, le visiteur tourne une petite roue qui frotte contre les cordes de façon à obtenir une note constante; de l’autre, il appuie sur les touches, semblables à celles d’un piano, et improvise une mélodie, accompagné du «Fiedler» au tambour et… au chant. Et qu’importe si la musique ne correspond pas à l’air de Jingle Bells…
Jusqu’au 17 décembre. Place Frantz-Kinnen – Dudelange.