Après le succès du film A Star Is Born, l’acteur-réalisateur revient, toujours en musique, avec Maestro, biopic sur le compositeur et chef d’orchestre à l’origine de West Side Story, Leonard Bernstein.
Bradley Cooper interprète un Leonard Bernstein plus vrai que nature dans Maestro, son film présenté en septembre à la dernière Mostra de Venise (d’où il est reparti bredouille), où il choisit d’explorer la vie privée du célèbre compositeur et chef d’orchestre. En outre, le biopic du musicien, adoubé par sa famille et coproduit par Martin Scorsese et Steven Spielberg pour Netflix, doit être mis en ligne sur la plateforme le 20 décembre.
D’une facture lisse, Maestro s’attarde surtout, en deux heures, sur la vie sentimentale de Leonard Bernstein décédé en 1990, son homosexualité et sa relation tourmentée avec son épouse d’origine chilienne Felicia Cohn Montealegre, interprétée par Carey Mulligan (Shame, Inside Llewyn Davis, Promising Young Woman).
Plus de 80 compositions à son catalogue
La carrière hors du commun du compositeur qui a dirigé l’Orchestre philharmonique de New York et reste dans les annales pour sa partition de West Side Story, succès majeur de Broadway, reste en toile de fond. Pianiste virtuose, Leonard Bernstein est entré dans le Panthéon des grands musiciens américains.
Ce touche-à-tout, aussi homme de télévision, a abordé tous les genres musicaux : opéra, rock, jazz, musique latine… Il navigue entre les genres – on compte plus de 80 compositions à son catalogue, dont des opéras et musiques de films – et son style exubérant fait le tour du monde. «Mon contact avec la musique est une étreinte totale !», affirmait Leonard Bernstein.
En réalité, ce film, c’est une histoire d’amour, celle de nos parents
Comme dans A Star is Born, dont il partageait l’affiche avec Lady Gaga, Bradley Cooper explore ici les liens entre création et vie sentimentale de l’artiste. Le film montre également les relations de Bernstein avec ses enfants, à qui il a caché son homosexualité. «Je ne sais pas pourquoi mon père a tout nié», a déclaré la fille aînée du maestro, Jamie Bernstein, dont les mémoires ont inspiré le film, lors d’une conférence donnée en septembre à Venise. «On n’aurait jamais pensé que Bradley (Cooper) se donnerait tant de mal pour que le personnage soit aussi authentique», a-t-elle poursuivi. «En réalité, ce film, c’est une histoire d’amour, celle de nos parents.»
Aux États-Unis, le film a été précédé d’une polémique autour de la décision de Bradley Cooper de porter une prothèse nasale pour incarner Bernstein, fils d’immigrés juifs ukrainiens. Certains y ont vu une façon d’alimenter les stéréotypes sur les juifs, mais les trois enfants du compositeur ont apporté leur soutien à l’acteur et réalisateur. «Il se trouve en effet qu’il avait un beau et gros nez!», déclaraient-ils d’une même voix en août dernier pour appuyer le choix de l’acteur-réalisateur.
Cela n’a rien à voir avec les caricatures antisémites, a tranché l’American Jewish Committee. Pour Jamie, Alexander et Nina Bernstein, ces critiques sont plutôt «une tentative malhonnête de rabaisser une personne qui a réussi – pratique que l’on a trop souvent observée à l’encontre de notre propre père».
Maestro, de Bradley Cooper. Mercredi sur les écrans. Le 20 décembre sur Netflix.
Quatre choses à savoir sur Leonard Bernstein
West Side Story, c’est lui !
Arrivé à New York diplômé d’Harvard, ce fils de juifs ukrainiens devient en trois ans une superstar aux États-Unis. Il n’a alors que 25 ans et entre dans la légende en 1957 en composant West Side Story, comédie musicale qui transpose Roméo et Juliette dans le milieu des gangs de New York. Succès immédiat et le film, vite adapté du spectacle, triomphe aux Oscars.
Plus ou moins ouvertement gay
Beau gosse aux faux airs de John Cassavetes, «Lenny» est un séducteur. Avec l’actrice Felicia Montealegre, dont il a trois enfants, il forme un couple très en vue de Manhattan. Mais la réalité est plus compliquée, car il mène une double vie avec ses penchants homosexuels. Après 25 ans de mariage et de nombreuses liaisons clandestines, il quitte sa femme pour vivre notamment avec le musicien Tom Cothran, qui meurt du sida en 1981.
Surveillé par le FBI
Après la mort du maestro en 1990, on découvre que le FBI a compilé pendant des années un épais dossier sur lui. Pas moins de 800 pages au total! Toute sa vie, il est un artiste engagé, ce qui lui vaut l’attention des services de renseignement intérieur pour différentes causes : le communisme, la guerre du Vietnam, le mouvement des droits civiques et les Black Panthers.
«Ein Berliner», lui aussi
New York, Amsterdam, Vienne, Tel Aviv, Sapporo… Dans sa carrière, il dirige des orchestres en Amérique, en Europe et en Asie. Le 25 décembre 1989, il est à Berlin pour se produire des deux côtés du mur. C’est lui en effet qui dirige au Schauspielhaus la Symphonie n° 9 de Beethoven, réunissant des musiciens du monde entier pour fêter la chute du mur lors de l’«Est-Ouest Concert».