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Les nouveaux forçats

L’ubérisation touchera-t-elle le Grand-Duché? Le nouveau gouvernement, en tout cas, n’a pas l’intention d’interdire l’arrivée de la plateforme américaine Uber dans le pays pour le transport de personnes.

Les taxis angoissent, même si ce modèle économique sera très encadré au Luxembourg. Samedi, les livreurs de ce grand groupe mondial ont manifesté dans toute la France. Ces nouveaux forçats de la route ont vu leur revenu baisser à cause d’un nouvel algorithme mis en place par la compagnie. En un clic, décidé par la direction du jour au lendemain, il faudra faire plus de trajet pour gagner autant qu’avant. De quoi provoquer la colère de ces personnes liées à Uber.

Le Luxembourg arrive pour l’instant à faire de la résistance contre ces plateformes qui grignotent des parts de marché et parlent d’une nouvelle façon de vivre. Enfin, d’une nouvelle façon de consommer surtout. Ces entreprises des nouvelles technologies vantent leur «nouveau» modèle, mais il se construit bien souvent sur le dos d’une armée de petites mains à la merci d’un changement de politique tarifaire, d’une chute des cours à Wall Street ou encore, donc, d’un algorithme qui fait des siennes.

Inutile de dire que les grèves et les manifestations sont regardées bizarrement par les patrons de ces grands groupes qui prônent la liberté de leur modèle pour leurs employés… qui n’en sont pas vraiment. Le choc des cultures. Aux États-Unis, ce nouvel art de vivre, et de travailler, a explosé sans trop de difficultés.

Mais c’est généralement un capitalisme sans règles et contournant les lois le plus souvent possible qui est promu par ce type de firmes. Ça nous saute aux yeux en Europe. Et le monde des nouvelles économies numériques aime prendre nos pays par surprise. Pays qui n’ont simplement pas de réglementations claires concernant ces activités professionnelles.

Ça passe ou ça casse, tel est leur credo. Et il faudra que le Luxembourg tienne encore bon pour éviter de figurer sur le tableau de chasse des nations qui ont succombé à ce nouveau type de consommation, mais qui est toujours, comme l’ancien, construit au détriment de ceux qui triment pour le faire fonctionner.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Qu’Uber soit un nouveau trouble-fête dans la guèguerre de longue date entre taxis et gouvernement n’est pas en fait le seul problème de la plateforme et de ces pratiques anticoncurrencielles : C’est un peu le même genre qu’oppose médecins spécialistes et hôpitaux, avec des taxis qui veulent maintenir leur indépendance et augmentent leurs prix, de l’autre des socialistes et verts gérant le Ministère des Transports et veulent garantir le contrôle bureaucratique sur tout en favorisant des services/navettes à la Flexibus, Nightrider, Adapto, etc. avec les problèmes et manques de flexibilité bien connus des usagers ! Forcément, il va y avoir des grincements entre syndicats et gouvermements !
    Quant au côté consommateur, cela devrait aller assez vite et moi-même j’en ai pu faire l’expérience au Portugal où même la compagnie ferroviaire (CP) conseille aux personnes aveugles une navette Uber pour relier l’aéroport de Lisbonne à la gare d’Oriente !