Le ralentissement économique connu par le Luxembourg pendant la crise sanitaire a vu, selon le Statec, les habitudes de consommation des ménages changer de manière considérable.
Le nouveau Premier ministre, Luc Frieden (CSV), a insisté dans sa déclaration gouvernementale, mercredi dernier devant la Chambre des députés, sur l’importance de renforcer le pouvoir d’achat des gens, en priorité ceux appartenant à la classe moyenne. «Il s’agit d’une promesse et elle sera tenue. Cela aidera aussi le commerce de détail luxembourgeois, l’artisanat, les restaurants et bon nombre d’autres entreprises», est-il venu souligner en renvoyant vers l’adaptation, dès le 1er janvier 2024, du barème d’imposition à l’inflation, en compensant l’équivalent de quatre tranches indiciaires.
Dans un rapport publié ce lundi 27 novembre, le Statec dévoile les principales tendances de consommation depuis le covid. Si l’année 2022 marque « un retour à la normale » pour les ménages, ces derniers n’ont pas complètement repris leurs habitudes de l’avant crise sanitaire.
Pour l’institut de statistiques luxembourgeois, « l’emballement récent des prix énergétiques et alimentaires » ont, en effet, obligé les ménages à faire des choix au niveau de leur consommation. D’après le Statec, certaines dépenses « restent encore aujourd’hui à un niveau supérieur à celui de 2019 » quant d’autres « n’ont pas renoué avec leur valeur d’avant-crise ».
Un allègement fiscal dès 2024
Lundi, le Conseil de gouvernement a adopté le projet de loi pour concrétiser cette première initiative majeure de la nouvelle majorité conservatrice-libérale. «Les mesures prévues se comprennent comme une première étape d’une démarche plus générale visant à alléger la charge fiscale des ménages», précise le communiqué officiel.
Une augmentation du pouvoir d’achat des ménages devra aussi contribuer à réduire le fossé qui existe encore entre les dépenses de consommation d’avant et d’après-crise sanitaire. «Le Luxembourg a connu un ralentissement économique pendant les deux années de la crise du Covid-19. Cette période a vu les habitudes de consommation des ménages changer de manière drastique», note ainsi le Statec dans sa plus récente publication.
Si un «retour à la normale» courant 2022, à la suite de la levée des dernières restrictions sanitaires, n’est pas à nier, il s’avère que «la période covid semble (…) avoir laissé des traces durables et les ménages n’ont pas repris complètement les habitudes de consommation» qu’ils avaient jusqu’en 2019. S’y ajoutent aujourd’hui l’emballement des prix énergétiques (pourtant compensé par des aides étatiques) et la flambée des prix de l’alimentation.
Les ménages seraient ainsi obligés «de faire des arbitrages». «Par conséquent, certaines dépenses restent encore aujourd’hui à un niveau supérieur à celui de 2019, alors que d’autres n’ont pas renoué avec leur valeur d’avant-crise», complète le Statec.
La livraison de repas à domicile en plein boom
Après avoir fortement baissées en 2020 en raison des confinements et des restrictions liées à la crise sanitaire, les dépenses dans le secteur de la restauration progressent considérablement en 2022. Plus précisément, le Statec observe dans son rapport que les dépenses en alimentation à domicile repartent à la hausse en 2022.
En effet, avec la crise sanitaire, celles-ci avaient fortement augmenté en 2020, avant de régresser en 2021. Ainsi, la variation globale observée entre 2019 et 2022 est de 27%. En revanche, en prenant compte de l’inflation pendant cette période, la variation globale n’est plus que de 10%.
En revanche, en s’appuyant sur des données préliminaires, le Statec constate pour l’année 2023 une stagnation, voire un léger recul des dépenses d’alimentation et de restauration par rapport à 2022. Une situation qui pourrait être liée à l’augmentation générale des prix. En effet, en 2023, les dépenses annuelles en alimentation et boissons à domicile ont été fixées à 6 726 euros, contre 6 870 euros en 2022.
De plus, avec la crise sanitaire, la livraison de repas à domicile est en forte augmentation depuis 2020. En effet, entre 2019 et 2022, en moyenne, les dépenses annuelles de plats livrés ou emportés à domicile sont en progression de près de 56%. A contrario, les dépenses dans les bars ou cafés sur place baissent de manière considérable entre 2019 et 2022 (-46,6%).
Les jeux de société ont toujours la cote
Concernant les loisirs des ménages, pour le Statec certaines habitudes perdurent quand d’autres s’essoufflent depuis la crise sanitaire. Les jeux de société et « autres passe-temps » redécouverts pendant la crise covid sont toujours très appréciés en 2022 (+64% en moyenne entre 2019 et 2022).
Autre tendance : les dépenses liées à l’entretien des animaux de compagnie des Luxembourgeois. En effet, celles-ci continuent de croître au même rythme qu’en 2021 (+173% de moyenne entre 2019 et 2022).
A contrario, certains loisirs sont moins appréciés par les ménages luxembourgeois depuis la crise sanitaire. Les dépenses en services culturels et sportifs augmentent de nouveau en 2022, mais restent très en dessous des tendances d’avant-crise. Autre effet : la demande en camping-cars qui avait explosé en 2021 ne se poursuit pas en 2022.
En outre, depuis le covid, la vente des deux roues continue de chuter en 2022, après un boom constaté pendant le covid. Enfin, les dépenses en biens pour les loisirs sont en légère baisse depuis la crise sanitaire.
Le télétravail, une habitude qui perdure
Le télétravail s’installe durablement dans les entreprises luxembourgeoises. De ce fait, les dépenses en équipement informatique ont nettement augmenté depuis 2019. Autre augmentation : le carburant.
Après une forte baisse en 2021, le retour au bureau a rééquilibré la situation (+60 % entre 2019 et 2022). En raison du télétravail et la gratuité des cantines scolaires, celles-ci subissent des difficultés à retrouver leur niveau passé.
Des frais de rénovation des logements en hausse
Selon le Statec, en 2022, les dépenses moyennes pour rénover son logement sont en forte hausse. En effet, en 2022, les ménages luxembourgeois ont dépensé en moyenne un peu plus de 3 000 euros par an pour l’entretien et la réparation de son logement. En 2019, le budget était en moyenne d’un peu plus de 500 euros.
L’institut de statistiques précise dans son rapport « que cette forte variation pourrait s’expliquer par des travaux de rénovation entrepris par les ménages durant la période covid et plus récemment par l’augmentation importante des prix des matériaux et des services pour la construction de logements. »
Le programme du nouveau gouvernement met un accent particulier sur la consommation intérieure, aussi pour doper les recettes fiscales. Dans cet ordre d’idées, il est notamment prévu d’élargir, en concertation avec les partenaires sociaux, les heures d’ouverture des commerces le dimanche. L’intention est de permettre aux salariés de travailler jusqu’à huit heures le dimanche, tout en maintenant la majoration de salaire.
«La limitation du temps de travail à quatre heures les dimanches n’est plus adaptée aux besoins à la fois des salariés, au vu du temps de trajet parfois important entre leur domicile et leur lieu de travail, et des entreprises pour lesquelles cette limitation pose des problèmes d’organisation (…) Le but est de répondre aux besoins tant des salariés que des commerçants», détaille le programme gouvernemental.