Le Kremlin a indiqué mercredi maintenir sa politique de grâce présidentielle pour les prisonniers acceptant de combattre en Ukraine, après que la presse russe a révélé la libération d’un homme condamné pour des meurtres satanistes et cannibales.
Nikolaï Ogolobiak, condamné à 20 ans de prison en 2010, a été gracié par le président Vladimir Poutine et est rentré chez lui début novembre, selon le portail d’information 76.ru de la région d’Iaroslavl où l’intéressé s’est installé et où ses crimes avaient été commis.
Cette grâce et celles d’autres repris de justice, à l’instar d’un des complices de l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, ont ouvert un timide débat en Russie sur le bien-fondé de cette politique. Pour autant, le Kremlin, interrogé sur le sujet une nouvelle fois mercredi, ne prévoit pas de changement.
« La question n’est pas nouvelle, elle a été soulevée à plusieurs reprises, et actuellement tout le monde regarde de près ces listes de graciés », a relevé Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.
« Mais je le répète, il s’agit de conditions (de grâce) précises, liées à une présence en première ligne, à une durée certaine passée en première ligne, liées à une participation à des groupes d’assaut, et c’est après ça il qu’il y a grâce », a-t-il expliqué, ajoutant « qu’il n’y a aucune révision » de cette politique.
Utilisés comme de la chair à canon
Des familles de victimes dans d’autres affaires ont dénoncé cette mesure, d’autant que certaines familles n’ont pas été prévenues de ces libérations.
Interrogé sur le sujet début novembre, Dmitri Peskov avait défendu ces grâces, estimant que « les personnes condamnées, y compris pour des crimes graves, expient leur crime par le sang sur le champ de bataille ».
Des dizaines de milliers de détenus russes ont rejoint le front en Ukraine, souvent dans le cadre de contrats avec des formations paramilitaires comme le groupe Wagner. S’ils survivent à six mois de combats, ils sont éligibles pour une grâce.
Ces hommes ont souvent servi dans les zones les plus dangereuses du front et, de l’aveu même du défunt patron de Wagner, Evguéni Prigojine, ont été utilisés comme de la chair à canon.
Selon le site 76.ru, qui dit avoir interrogé le père de Nikolaï Ogolobiak, 33 ans, ce dernier a été grièvement blessé et est aujourd’hui handicapé.
Lui et cinq autres jeunes, tous adolescents au moment des faits et se réclamant d’une secte sataniste, avaient été condamnés pour les meurtres rituels de quatre adolescents qu’ils ont découpés avant de manger des morceaux de leurs cadavres.