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Luc Frieden ne sera pas ministre d’État


Luc Frieden pretant serment. (photo Hervé Montaigu)

Luc Frieden se contentera d’un seul titre, celui de Premier ministre. Il garde les compétences attribuées au ministère d’État et s’occupera aussi des cultes, sans titre de ministre.

Premier ministre et ministre d’État, les deux titres étaient indissociables, mais Luc Frieden se contente de Premier ministre tout court. Le ministère d’État, lui, ne disparaît pas, mais celui qui l’occupe abandonne visiblement le titre pour des raisons de clarifications internationales. C’est une nouveauté de ce gouvernement, car tous les prédécesseurs de Luc Frieden ont cumulé les deux titres, depuis Jean-Claude Juncker qui, lui, avait abandonné le titre de Président du gouvernement pour devenir Premier ministre et ministre d’État.

«Cela n’a rien de révolutionnaire», indique un membre du parti chrétien-social, tout en précisant que ce changement n’a rien à voir avec la réforme constitutionnelle en vigueur depuis le 1er juillet de cette année, ce que nous a confirmé Luc Heuschling, professeur de droit constitutionnel à l’université du Luxembourg.

L’article 88 dispose que «le gouvernement se compose d’un Premier ministre, d’un ou de plusieurs Vice-premiers ministres, de ministres et, le cas échéant, d’un ou de plusieurs ministres délégués et secrétaires d’État» et que «le Grand-Duc nomme le Premier ministre et les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions». L’ancien article 77 était bien plus succinct et indiquait simplement que «le Roi Grand-Duc nomme et révoque les membres du gouvernement».

Si Luc Frieden a voulu épurer son titre, c’est donc pour éviter toute confusion à l’extérieur. En France, le titre de ministre d’État a été utilisé sous différents régimes dans des situations très différentes. L’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, sous le gouvernement d’Édouard Philippe, avait été nommé ministre d’État pour souligner l’importance de son ministère, considéré comme une priorité dans l’action gouvernementale.

En Allemagne, c’est davantage un titre donné à certains secrétaires d’État parlementaires, pour des raisons de prestige, mais il est aussi utilisé par des membres des gouvernements des Länder Bavière et Saxe. Le titre de ministre d’État est, en fin de compte, utilisé partout dans le monde sans qu’il ait la même signification.

Désormais, au Luxembourg, le titre a disparu mais le ministère d’État garde les mêmes compétences. L’article 6 de l’arrêté royal grand-ducal modifié du 9 juillet 1857 portant organisation du gouvernement grand-ducal précise que «le ministre d’État surveille la marche générale des affaires, et veille au maintien de l’unité des principes à appliquer dans les diverses parties de l’État».

Le ministère d’État s’occupe des relations institutionnelles avec la Cour grand-ducale, et Luc Frieden est un intime de la famille régnante depuis le lycée où il s’est lié d’amitié avec Guillaume, frère de l’actuel Grand-Duc Henri, avec qui il était en classe à l’Athénée. Ils habitent d’ailleurs tous deux la même commune.

Le ministère d’État qu’occupe Luc Frieden est également responsable pour les relations avec la Chambre des députés et le Conseil d’État. En ce qui concerne les relations avec la Chambre des députés en particulier, le Premier ministre, ministre d’État, est secondé par le ministre aux Relations avec le Parlement.

Les cultes en plus

Les ordres nationaux, les fêtes et cérémonies publiques relèvent également des attributions du ministère d’État. Le Premier ministre, ministre d’État, veille également au devoir de mémoire, dont les missions sont conduites par le Comité national pour la mémoire.

Il est à souligner que le rôle du Premier ministre est celui de coordinateur interministériel. En ce sens, les attributions du ministère d’État comprennent également les matières liées à la sécurité de l’État, ainsi le Haut-Commissariat à la protection nationale, le Service de renseignement de l’État, le Cybersecurity Board et le Computer Emergency Response Team font partie intégrante de son portefeuille.

Et pour les cultes, si le titre de ministre des Cultes n’existe plus, c’est bien le ministère d’État qui a la charge des dossiers y relatifs. Xavier Bettel était ministre des Cultes, mais Luc Frieden fait, là aussi, l’économie d’un titre, tout en ayant des compétences dans le domaine.

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