Après la vague d’émotion qui a touché la France et le monde, vient le temps de la réflexion. Enfin presque.
Alors qu’en Belgique un attentat projeté par une cellule de jihadistes a été déjoué de peu, au Niger, des manifestants « anti-Charlie » ont mis le feu à des églises. Quel est le rapport, me direz-vous ?
A priori il n’y en a aucun, vu que peu de gens connaissent l’histoire de Charlie Hebdo et le journal en lui-même; certains musulmans de pays lointains pensent probablement que le magazine satirique n’avait pour cible que l’islam. Alors que c’est probablement l’Église catholique qui a été principalement la cible de la bande à Charlie.
Alors que des millions de personnes se sont présentées à des kiosques à journaux pour tenter d’obtenir le fameux numéro des survivants la semaine dernière, nombre d’entre elles découvrait sans doute pour la première fois les caricatures d’un journal « bête et méchant ». Provocant et parfois d’un goût douteux, drôle ou pas, là n’est pas la question.
Quand certains musulmans voient un acharnement dans la nouvelle caricature de Mahomet en une de Charlie, d’autres y voient simplement un homme barbu, rien de bien méchant finalement. Des historiens, spécialistes de la religion, ont noté que la représentation du prophète a existé. Seule celle de Dieu est interdite selon l’islam, grosse nuance.
Si quelques excités s’agitent à travers le monde musulman, cette nouvelle polémique aura eu, au moins, le mérite de relancer le débat sur la place de la laïcité en France, au-delà de la liberté d’expression. Les musulmans de France ont pu à la fois réaffirmer leur respect des valeurs républicaines, tout en soulevant certaines questions. Comme la différence entre le blasphème, qui n’est pas interdit en France, et l’incitation à la haine que suscite, par ses frasques, l’humoriste supposé Dieudonné.
C’est le nouveau rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Gérard Biard, qui résume bien la situation : « chaque fois que nous faisons un dessin de Dieu, nous défendons la liberté de religion », a-t-il déclaré dans un entretien.
De notre journaliste Audrey Somnard
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