Accueil | Economie | Éoliennes : Siemens Energy sauvé

Éoliennes : Siemens Energy sauvé


Le pays ne peut se passer de l’entreprise alors qu’il s’est lancé dans une transition énergétique à marche forcée.  (Photo : archives lq)

Le gouvernement allemand va débloquer 15 milliards d’euros pour sauver son premier fabricant d’éoliennes.

L’Allemagne s’est mobilisée hier pour apporter 15 milliards d’euros à son premier fabricant d’éoliennes en grande difficulté, Siemens Energy, au moment où le pays compte sur le renouvelable pour réussir sa difficile transition énergétique. D’après l’accord trouvé, Siemens Energy recevra en tout 15 milliards d’euros de garantie de prêts de la part de banques privées et d’actionnaires, dont Siemens qui en détient encore 25 %. La moitié de cette enveloppe, soit 7,5 milliards d’euros, sera garantie par l’État.

«La condition préalable du gouvernement fédéral» est «que toutes les parties prenantes participent de manière appropriée à la protection de l’entreprise», a précisé le ministère de l’Économie. Dans la foulée de cette annonce, le titre a terminé en hausse de 2,95 % à la Bourse de Francfort, après avoir déjà vivement rebondi ces derniers jours, alors que l’accord semblait se confirmer.

Siemens Energy, qui fait face à des difficultés financières notamment dans sa branche éolienne, avait demandé le soutien des pouvoirs publics. Les éoliennes sont fabriquées par la filiale espagnole de l’entreprise, Siemens Gamesa, qui a rencontré des problèmes concernant des composants défectueux, principalement les roulements et les pales de rotor des turbines. À cause de ces problèmes de qualité, l’entreprise a été forcée de stopper les prises de commandes pour certains de ses modèles de turbine, entraînant une baisse de ses revenus. En outre, le groupe souffre, à l’instar du secteur dans son ensemble, de conditions générales défavorables : hausse du coût des matériaux de construction, des taux d’intérêt et de la concurrence chinoise. Ses contrats publics, passés avant la flambée des prix des matières premières – liée à la guerre en Ukraine – ne peuvent plus être honorés d’une façon rentable, avait alerté Siemens Energy en août.

Près de 26 000 salariés en Allemagne

Le gouvernement allemand a mis en avant le rôle stratégique du groupe dans la transition énergique pour justifier le fait de voler à sa rescousse, expliquant que Siemens Energy rencontrait «actuellement des difficultés à obtenir les garanties requises sur le marché financier». Siemens Energy, un des leaders mondiaux dans l’éolien, était entré en discussions fin octobre avec les banques, le gouvernement fédéral ainsi que Siemens en vue d’obtenir des garanties pour sauver sa filière éolienne. Ce coup de pouce du gouvernement allemand s’explique par l’importance de l’entreprise dans le tissu industriel allemand (26 000 salariés dans le pays) et par celle de l’éolien dans la transition énergétique allemande, pays qui vient d’abandonner le nucléaire et prévoit de sortir du charbon si possible en 2030.

En plus des éoliennes et des réseaux énergétiques, Siemens Energy produit également des centrales électriques à gaz et désormais des centrales à hydrogène, un secteur sur lequel compte le gouvernement allemand pour réaliser sa transition énergétique. La semaine dernière, l’énergéticien allemand a inauguré avec le français Air liquide une usine commune à Berlin pour fabriquer des modules d’électrolyseurs, nécessaires à la production d’hydrogène. Le chancelier Olaf Scholz s’y est rendu en personne, accompagné de deux ministres, alors que le gouvernement a lui-même investi 15 millions d’euros dans le projet. Le secteur des énergies renouvelables est touchée par une crise en Europe à un moment charnière alors qu’il doit investir massivement pour répondre à la demande. Les entreprises européennes sont menacées par la concurrence chinoise, déjà présente en Europe pour fournir des parcs éoliens et réclament un soutien à l’investissement contre une concurrence qu’elles jugent «déloyale». Fin septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, alertait sur le danger pour leur avenir en Europe. La Banque européenne d’investissement «travaille à la mise en place d’un programme de garantie pour le secteur de l’énergie éolienne», a indiqué le gouvernement allemand.

Un commentaire

  1. Sans les multiples aides gouvernementales, l’éolien serait mort depuis longtemps.