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Rien n’est gratuit

Facebook «est gratuit et le restera». Ce message, longtemps affiché sur la page d’accueil du réseau social, est désormais de l’histoire ancienne. La décision d’Elon Musk, le patron de X, de monétiser les comptes certifiés sur l’ex-Twitter, a visiblement inspiré la maison mère de Facebook et Instagram. Meta vient en effet d’annoncer le lancement d’abonnements payants pour les usagers européens des deux plateformes dès ce mois-ci. Il faudra ainsi débourser 9,99 euros par mois en réglant via un ordinateur, ou 12,99 euros en passant par les applications mobiles sur smartphone. Ce n’est pas tout. Au 1er mars prochain, l’ajout d’un compte supplémentaire alourdira la facture mensuelle de 6 à 8 euros.

Ceux qui consentiront à la dépense, promet le géant américain, auront ainsi la «garantie» que leurs données personnelles ne seront pas utilisées à des fins commerciales. Ah oui, vraiment ? C’est pourtant le modèle économique sur lequel l’empire de Mark Zuckerberg a été bâti. Des publicités finement ciblées grâce aux précieuses données siphonnées dans les milliards d’informations partagées sans précaution. Du coup, ces abonnements nous offriront-ils l’assurance de ne plus voir nos recherches sur internet transformées en contenus sponsorisés sur nos fils d’actualité? Permettons d’en douter, les cookies – ces traces que nous laissons en ligne – sont un gâteau bien trop appétissant pour renoncer à en prendre une part.

Cette nouvelle manne financière servira-t-elle par ailleurs à la modération des publications, totalement inexistante actuellement ? Après tout, nous sommes en droit d’attendre d’un service payant qu’il soit plus qualitatif. Et que les commentaires haineux, les vidéos choquantes, les arnaques en tout genre disparaissent une fois pour toutes. Notons par ailleurs que seules les personnes majeures auront la possibilité de souscrire aux formules proposées. Les adolescents pourront donc continuer de se prendre toutes les horreurs du monde en pleine figure, sans filtre.

Difficile de comprendre autre chose que la volonté de Meta de chercher à faire toujours plus de profits sur le dos de ceux qui ont aujourd’hui beaucoup de mal à se passer des réseaux sociaux. Rien n’est gratuit quand il s’agit de business.

Alexandra Parachini