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Octobre rose : face au cancer du sein, Mara a «vécu l’enfer»


Mara Cruciani a été atteinte deux fois par le cancer du sein, en 2000 et 2018.

En ce mois de sensibilisation au cancer du sein, Mara Cruciani raconte avec émotion et espoir son combat contre cette maladie qui touche plus de 500 femmes chaque année au Luxembourg.

Mara Cruciani avait seulement 38 ans quand elle a été atteinte par son premier cancer du sein. Au tout début des années 2000, elle est en vacances avec sa famille quand elle sent un petit «nœud» sur l’un de ses seins. À son retour, elle prend immédiatement rendez-vous chez son gynécologue. «Il m’a prise dès le lendemain. Quand il a fait l’échographie, il m’a dit : à 99 %, c’est un cancer. On a fait une biopsie et il s’agissait d’un carcinome médullaire, une tumeur rare et très agressive», confie la sexagénaire.

Elle entame alors un traitement consistant en six chimiothérapies agressives et ciblées sur son cancer. Pour la Luxembourgeoise d’origine italienne, c’est le début de «l’enfer». «Je n’arrivais plus à m’alimenter, je vomissais très souvent. J’ai perdu 12 kg, je pesais seulement 40 kg. Après la quatrième chimio, j’ai dû arrêter, parce que je devenais presque mourante», se souvient-elle, encore émue.

28 radiothérapies supplémentaires

Après quelques semaines d’arrêt du traitement, des examens supplémentaires montrent que la tumeur de Mara Cruciani se rétracte. Pour être totalement guérie, elle doit encore subir 28 radiothérapies. «Là aussi, j’ai vécu l’enfer. J’avais des brûlures au troisième degré au niveau du sein. C’était presque pire que la chimio.»

Un combat qu’elle vit comme un véritable choc, autant pour elle que pour son entourage et ses enfants, alors âgés de 6 et 12 ans. «J’ai beaucoup réfléchi sur la façon dont je devais leur dire. Je me souviens que l’on s’était mis à table.

À l’époque, je portais une perruque. Je n’osais pas montrer mon crâne nu à mes enfants.» Et puis, ce jour-là, elle décide de tout enlever. «Je leur ai dit : voilà maman, elle a la même coupe que vous. Tout le monde a éclaté de rire. Mais, après cela, mon fils, le plus grand, s’est enfui dans sa chambre et a pleuré pendant deux heures.»

Un deuxième cancer, dix-huit ans plus tard

Une fois son traitement passé, elle reprend son travail de secrétaire de direction et sa vie, presque normalement. Même si les contrôles réguliers, tous les six mois, puis tous les ans, continuent. Dix-huit ans plus tard, alors qu’elle pensait être sortie d’affaire, un autre cancer du sein apparaît.

«D’un jour sur l’autre, j’ai commencé à avoir un sein rouge et une forte douleur. Quand je suis allée voir un gynécologue, il a fait un diagnostic qui n’était pas juste. Il me disait que cela ne pouvait pas être un cancer, car celui-ci ne donne pas de fièvre, il pensait plutôt à un abcès.»

Mais sa fièvre continue, alors Mara Cruciani se rend chez un autre médecin : «Quand il a fait l’échographie, il m’a tout de suite dit que ce n’était pas un abcès. Le lendemain matin, nous avons fait une biopsie et, malheureusement, il s’agissait bien d’un cancer.»

Vaincre la maladie pour ses petits-enfants

Une tumeur très différente, mais tout aussi agressive que la première. «Ce n’était pas une récidive. Et heureusement, car je pense que je ne serais plus ici. Ce carcinome canalaire triple négatif pouvait se multiplier très vite et représentait un gros risque pour la santé.»

Cette annonce est un deuxième choc qui l’affecte encore davantage que la première. «Le premier cancer a été difficile, car j’étais une jeune maman de deux jeunes enfants. Mais là, je savais la souffrance ressentie pendant les chimiothérapies. Quand je suis sortie de l’hôpital, je me souviens avoir dit à mon mari : on va sur le pont Rouge, je ne veux plus rien faire, je veux sauter de là.»

Mais Mara Cruciani trouve la force de se battre, encore un peu. «Le déclic, ça a été mes petits-enfants. Je me suis dit que je devais vaincre cette maladie pour eux», confie-t-elle les yeux mouillés.

Pendant son temps libre, Mara Cruciani confectionne des poupées pour les vendre au profit des enfants atteints d’un cancer.

«On peut réussir à s’en sortir»

Dix-huit ans après son premier cancer, Mara Cruciani retrouve l’enfer des chimiothérapies, rythmé par des effets secondaires insupportables doublés d’une fatigue extrême. Elle doit encore se confronter à une nouvelle étape, celle de la mastectomie. Une ablation de l’un de ses seins qu’elle subira à nouveau quelques mois plus tard.

«C’était plutôt un soulagement. Vu que mes seins étaient malades, il fallait que je les enlève. J’ai eu une bonne intuition de le faire, car après des analyses, on a découvert qu’il y avait des cellules précancéreuses dans l’autre sein. Pour la reconstruction mammaire, avec mon cancer, ça aurait été difficile. Je porte une prothèse qui reproduit très bien la forme des seins, cela me convient très bien.»

Cinq ans après ce deuxième combat, la sexagénaire est aujourd’hui en rémission. «J’effectue mes contrôles régulièrement. Tout est stable pour le moment.» Retraitée depuis quelques années, elle est devenue ambassadrice de la Fondation Cancer et apporte un soutien psychologique aux malades.

«Je suis en contact avec certains d’entre eux. Le soutien moral et psychologique est primordial pendant cette maladie. Je dis toujours qu’il ne faut jamais oublier ces personnes ni les laisser seules.»

L’importance du dépistage

Elle tient aussi à rappeler l’importance du dépistage, en ce mois d’Octobre rose. «Toutes les femmes peuvent être touchées par le cancer du sein. Alors, à partir de 30 ans, et même avant, un contrôle régulier chez le gynécologue est primordial. Il faut surtout lui demander de réaliser une échographie.

Car certaines tumeurs ne se voient pas pendant une mammographie ou lors d’une autopalpation», prévient-elle.

Après ces années d’épreuves, Mara Cruciani reste positive et optimiste quant à l’avenir et souhaite adresser un message d’espoir aux femmes victimes d’un cancer du sein. «Les médecins m’ont souvent dit que j’étais une miraculée. Je ne me suis jamais laissé abattre. Même avec ces deux cancers très agressifs, on peut réussir à s’en sortir. J’en suis la preuve vivante», confie-t-elle en redressant le ruban rose accroché à son foulard.