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[BGL Ligue] Cinq matches, 500 euros et des arbitres qui se rebiffent


(Photo : mélanie maps)

Pedro Resende, coach du FCD03, a pris une grosse peine pour une déclaration d’après-match. Et va plaider sa cause en appel dans un contexte plus tendu.

La phrase était la suivante : «L’arbitre était horrible, les juges de touche l’étaient encore plus et je suis sûr et certain que c’était fait exprès». C’est à cause de ces quelques mots recueillis par Le Quotidien, à la fin de Differdange – Mondorf (1-1) lors de la 5e journée, que Pedro Resende, le coach du FCD03, a écopé de cinq journées de suspension et d’une amende de 500 euros. Le technicien portugais s’en est insurgé dans la foulée avant de couper les micros pour protéger sa capacité à se défendre en appel : «Mais alors, c’est comme ça? On ne peut plus rien dire?»

En tout cas, on ne peut pas le dire en ce moment. Monsieur Biever, l’homme en noir (qui était flanqué de messieurs Mentero et Uco), s’est étranglé devant le journal et a immédiatement contacté sa hiérarchie pour rapporter l’incident, qui avait une fâcheuse portée stigmatisante. Le comité des arbitres fédéraux en a jugé de même et s’est fendu d’un courrier pour pointer l’incident au tribunal fédéral, qui a suivi son analyse. En s’appuyant sur l’article 18 f des statuts et règlements (les cas de diffamation et injures publiques), très peu utilisé finalement malgré des critiques régulières envers le corps arbitral dans la bouche des coaches de DN.

Comme l’Europe perd 42 000 arbitres par an…

L’histoire fait s’étouffer Resende, qui a dans son coin fait ce que beaucoup d’entraîneurs du pays font aussitôt : une compilation. Il dispose de trois extraits vidéo de cette partie, arrêts sur image en prime, censés justifier son agacement. Et ses mots. Les preuves sont édifiantes, mais serviront-elles à réduire l’ampleur de la punition? Très sincèrement, Charles Schaack ne l’espère pas, même s’il ne s’attarde pas sur la peine «qui doit sûrement être dictée par des barèmes précis».

L’UEFA veut qu’on soit plus rigoureux

Mais le vice-président de la FLF s’en serait voulu de ne pas avoir saisi le taureau par les cornes face à cet épisode fâcheux. «Une lettre, dans ce cas, c’est une procédure normale. Une critique de la part d’un coach, c’est normal. Mais là, on est dans la diffamation et ça nuit à l’image de marque du corps arbitral. Et surtout, il y a deux semaines, on a reçu un message de l’UEFA lors du cours online. On nous a expliqué que l’on devait être plus rigoureux envers tous les gens qui se trouvent dans la zone technique. On n’a pas le droit de laisser faire et de parler tout le monde. L’UEFA veut qu’on protège les arbitres parce que l’Europe perd l’équivalent de 42 000 arbitres par an. Le moment n’est plus très loin où l’on ne sera plus assez nombreux.»

Ils n’éplucheront pas les journaux non plus

Charles Schaack préfère quand même prévenir : le CAF ne va pas s’amuser à éplucher tous les journaux et tous les comptes Facebook pour traquer les petites phrases des acteurs de la BGL Ligue.

Les entraîneurs, eux, sont partagés. Entre la peur de se voir bridés sur leur capacité à exprimer leur mécontentement et l’évidente défiance qui court depuis des années dans leurs rapports avec le corps arbitral, dur de trouver un consensus sur ce qui arrive à Pedro Resende. D’ailleurs, certains estiment que la ligne rouge a effectivement été franchie au terme de Differdange – Mondorf. Et en sont à se demander si la FLF ne finira pas par renforcer son arsenal de sanctions pour lutter contre les petites phrases.

C’est un fait : les coaches du pays prennent cher depuis des années et les suspensions en pure perte (la plupart du temps, ils continuent de rester accoudés à la main courante à côté de leur banc de touche) se multiplient. Et d’aucuns en sont à se demander si ce ne sont pas les amendes qui vont finir par augmenter pour devenir encore plus dissuasives. Pedro Resende pense que son club paiera la sienne, mais n’en a pas la certitude absolue. Comme relèvent certains acteurs du milieu qui préfèrent rester anonymes pour ne pas avoir l’air de cracher dans la soupe : «Pour que ça s’arrête, il faut que ça fasse mal».