Chevaliers, gentes dames, sorcières, mages et damoiseaux ont convergé de toute la Grande Région vers Dudelange ce week-end, lors duquel se tenait la vingtième édition du Butschebuerger Buergfest.
Cette fête médiévale hors du commun n’a une nouvelle fois pas failli à sa réputation en attirant des milliers de visiteurs aux alentours de la rue de la Chapelle. Dont Marie-France qui vient «presque chaque année» en famille. «J’adore l’ambiance ! On s’y croirait ! Ou du moins cela correspond à l’image que l’on a de la vie au Moyen Âge. Et puis, il y a la musique, les animations, le marché et toutes les personnes vêtues comme à l’époque», résume-t-elle, tandis que, devant nous, passent deux grands gaillards de cuir brun vêtus, cheveux et barbes tressés. Un petit blondinet haut comme trois pommes les observe, fasciné, en serrant très fort la main de son papa.
La vie au Moyen Âge, la petite et la grande histoire, les légendes et les sortilèges passionnent toujours autant. «J’ai commencé à me plonger dans cette période à travers les histoires d’heroic fantasy et les jeux vidéo», note Rui. «Ils sont souvent situés dans des mondes inspirés du Moyen Âge présentant les valeurs de la chevalerie ou sont basés sur des légendes de l’époque. Visiter de telles fêtes réveille mon âme d’enfant et mon imagination.»
Au Butschebuerger Buergfest, il est possible de s’essayer au lancer de hache, d’acquérir une tenue d’époque de Monsieur ou Madame Tout-le-Monde, de découvrir son avenir dans les runes, de manger du sanglier à la broche, de compléter sa panoplie de chevalier ou de viking, de trouver des grigris et des philtres d’amour ainsi que des peaux de bêtes. En baskets et short en jean sous 30 °C, on se laisserait presque prendre au jeu. Une gorgée de bière artisanale dans une corne sous une tente, une douche improvisée dans la plaine et on était à deux doigts de rejoindre une confrérie viking.
Un pas qu’a franchi Yves il y a un an. «Ce week-end, je vis dans le camp avec mon épouse et mon enfant. Nous sommes un groupe luxembourgeois et nous participons à toutes les festivités concernant le Moyen Âge dans les environs», raconte cet employé des chemins de fer luxembourgeois. «Nous essayons d’être aussi fidèles et authentiques que possible à l’époque dans notre manière de vivre.» Le jeune homme est vêtu de braies en lin beige et d’une chemise rouge de la même matière. Seules ses lunettes trahissent sa modernité. Il est tombé dedans quand il était petit. «J’aime l’histoire, la nature, la vie en commun et le travail en commun. Je me sens bien lors de ce type de rassemblements. Ils me permettent de me changer les idées», poursuit la nouvelle recrue viking.
Une époque idéale
Pour son ami Frank, en jean et t-shirt noir, vivre comme il y a mille ans représente «une forme de retour aux choses simples de la vie, aux fondamentaux» et permet de réfléchir à nos manières de vivre actuelles. «Ici, on retrouve une forme de normalité», ajoute Rick, cheveux tressés et tenue de guerrier. «Lors de ce type de rassemblements, on constate que les gens – participants et visiteurs – apprécient le vivre-ensemble. Ils sont plus ouverts que dans leur quotidien», précise Yves. «Tout paraît plus simple. Tu peux discuter avec les gens plus facilement, rencontrer de nouvelles personnes, boire un coup…», conclut Rick.
Selon les trois amis, le secret du succès de ce type de rassemblements réside dans les valeurs qu’ils véhiculent. Une époque «où tout était plus simple», «où les gens étaient plus proches de la nature», «où le temps s’écoulait à un autre rythme» et «où la technologie n’était pas omniprésente». Une époque idéalisée qui fait recette et à laquelle de plus en plus de personnes veulent adhérer.
Chacun peut y trouver sa place. Seul ou en famille. Et sa spécialité, son artisanat. Bonimenteurs, fileuse de laine, danseuses et musiciens, maures et sarrasins, vendeurs d’épices ou de bonbons, elfes des bois, archers ou pirates arpentent les ruelles couvertes de paille. Des petites filles ont reçu des voiles de princesses et des petits garçons des épées et des boucliers en bois. De véritables «trognes» attendaient les visiteurs aux quatre coins du parcours. Ainsi que des bouilles adorables sous des casques à cornes trop grands pour elles et des petites sauvageonnes avec des fleurs et de la paille dans les cheveux. La relève est assurée.
Prochain rendez-vous avec le Moyen Âge à Dudelange : le marché de Noël. La ville décline la tendance pour le plus grand plaisir des visiteurs et de ceux qui aiment l’époque au point de s’y plonger corps et âme.