Adversaire du Luxembourg le 1er mai 1984 à Ettelbruck (défaite 0-2 des Roud Léiwen en amical) comme joueur de la Norvège, puis le 15 octobre 2019 à Aalborg (défaite 4-0 des hommes de Luc Holtz) comme sélectionneur du Danemark, Age Hareide, 69 ans, fait sur le papier un excellent témoin de l’évolution du football grand-ducal.
Mais à l’échelle d’un quart de siècle comme à celle, plus pertinente, des quatre dernières années, fallait-il s’attendre hier à voir le Norvégien parler d’autre chose que de progression et de «match difficile»? Sans grande surprise, les observations de celui qui est assis depuis avril sur le banc de l’Islande sont allées dans le sens de celles des sélectionneurs étrangers passés avant lui par la salle de presse du stade de Luxembourg à la veille d’y affronter les Roud Léiwen.
«Ils se sont beaucoup améliorés ces dernières années, au niveau des individualités, mais avant tout comme équipe, a relevé celui dont le prédécesseur, Arnar Vidarsson, n’aura, hors matches amicaux achevés par des séances de tirs au but totalement anecdotiques, remporté que six matches sur 31 en deux ans de mandat. Une équipe nationale a besoin d’être soudée, de prendre l’habitude de gagner, d’empocher des points, de développer une culture de la gagne et le Luxembourg y est parvenu, ces dernières années.»
Je pense que ça peut nous avantager d’avoir ce statut d’outsiders
«Ils doivent assumer ce nouveau challenge»
Tout cela n’est pas sans conséquences, on le sait : avant d’accueillir la sélection qui a décomplexé toutes les autres «petites» nations en s’invitant à l’Euro-2016 puis au Mondial-2018, voilà donc les Roud Léiwen en position de rêver, pour la toute première fois, à une présence en phase finale d’un tournoi majeur. La symbolique est belle, mais plus qu’à un passage de témoin, la situation ressemble étonnamment à une opportunité dans l’esprit du chevronné Hareide, dont l’équipe abat sûrement déjà sa dernière carte dans ces éliminatoires.
«Derrière le Portugal, toutes les équipes peuvent se qualifier, statue l’ancien sélectionneur de la Norvège (2003-2008) et du Danemark (2016-2020). Maintenant, le Luxembourg s’est mis dans une position différente, et c’est une pression différente à gérer pour lui. Il doit assumer ce nouveau challenge, d’être une sorte de favori ou en tout cas d’être en bonne position pour se qualifier. Je pense que ça peut nous avantager d’avoir ce statut d’outsiders dans la course à la qualification et pour ce match. On y croit, qui plus est après nos prestations contre le Portugal et la Slovaquie.»
Deux rencontres où il n’aura selon lui manqué que «le résultat» aux Islandais, qui auraient «pu tuer le match dès le premier quart d’heure contre la Slovaquie (défaite 1-2) vu le nombre d’opportunités qu’on s’est procurées», puis sont passés à quelques minutes et à un Cristiano Ronaldo (buteur à la 90e) près d’accrocher le Portugal en juin (0-1). «Le football n’est pas toujours juste, statue le Norvégien, qui attend ce soir de ses hommes la même implication défensive que face au Portugal et un réalisme offensif digne… du Luxembourg, dont il a souligné l’efficacité en conférence de presse. Mais si nous continuons sur cette voie, nous obtiendrons des résultats.» Et si le Luxembourg continue sur cette voie…