Si les signaux ne sont pas au rouge pour le moment, les autorités sanitaires restent vigilantes face à une augmentation des cas de covid ces dernières semaines.
On avait presque oublié le covid, mais voilà qu’il refait surface depuis la mi-juillet dans toute l’Europe de l’Ouest, et le Luxembourg n’est pas épargné : «Nous constatons bien un rebond des contaminations ces dernières semaines, avec une légère augmentation des cas, selon les résultats qui nous sont envoyés par les laboratoires d’analyse», confirme Joël Mossong, épidémiologiste à la Direction de la santé. Par rapport aux mois de juin et juillet au cours desquels la courbe du nombre de cas de covid détectés était restée plutôt horizontale, voilà qu’elle se met à grimper.
Pour surveiller la circulation du virus dans la population, les autorités s’appuient toujours sur le système de déclaration des maladies infectieuses et sur les données concernant la présence du virus dans les eaux usées, récoltées régulièrement par le LIST. «Les résultats de ces deux sources se recoupent : ils montrent qu’il y a un certain niveau de transmission du covid actuellement au Grand-Duché, mais il reste très bas, comparable à ce qu’on pouvait observer en mai dernier», poursuit-il.
Si ce léger rebond n’inquiète pas les autorités sanitaires pour le moment, elles sont néanmoins sur leurs gardes : les retours de vacances, l’important brassage lié à la Schueberfouer et à la rentrée scolaire, tout comme l’arrivée d’un nouveau variant dont on ignore encore les caractéristiques, pourraient changer la donne.
«Nous ne disposons pas de beaucoup d’échantillons, ce qui complique l’identification des variants. Cependant, le Laboratoire national de santé, qui assure le séquençage du virus, a détecté le variant EG.5.1 au Luxembourg depuis juillet, celui qui circule partout en Europe», explique le scientifique, ajoutant qu’aucune information sur les symptômes d’EG.5.1 – un sous-variant d’Omicron – ou son taux de transmission ne sont disponibles.
De nouveaux vaccins bientôt disponibles
Selon lui, la fin des vacances pourrait coïncider avec une augmentation des infections puisque les contacts sociaux, professionnels ou scolaires sont décuplés à cette période, mais le phénomène devrait rester minime. Le retour des gestes barrières tels qu’on les a connus n’est d’ailleurs pas à l’ordre du jour.
«Il semble que l’immunité au sein de la population soit grande. La plupart des personnes ont été vaccinées ou infectées plusieurs fois. On est loin de la situation de 2020 où personne n’avait jamais été en contact avec ce virus», pointe-t-il. Ce qui éloigne la perspective d’une nouvelle pandémie, même si des variants inconnus apparaissent sans cesse. Un nouveau sous-variant d’Omicron, BA.2.86, a ainsi fait son apparition mi-août avec quelques cas recensés dans plusieurs pays.
Pour protéger les personnes à risques de formes graves, une campagne de vaccination couplée à celle contre la grippe devrait être lancée d’ici peu. «Nous attendons l’avis imminent du Conseil supérieur des maladies infectieuses avec les recommandations portant sur le vaccin anticovid», indique encore Joël Mossong, annonçant au passage que les nouveaux vaccins efficaces contre les variants majoritaires qui circulent actuellement seront bientôt disponibles au Luxembourg.
EG.5 scruté au niveau mondial
Depuis début mai, l’OMS ne considère plus la pandémie comme une urgence sanitaire mondiale, mais «le virus continue de circuler dans tous les pays, de tuer et de changer», souligne l’organisation. Sa version EG.5 est actuellement la plus scrutée au niveau mondial, car elle pourrait être porteuse du rebond.
Plus de 17 % des cas de covid recensés dans le monde mi-juillet relevaient en effet d’EG.5 (+7,6 % sur un mois), selon l’OMS. Pour l’heure, rien ne suggère que ce sous-variant présente des risques supplémentaires pour la santé publique, mais «le risque demeure qu’un variant plus dangereux émerge et provoque une hausse soudaine des cas et des décès».
Dans ce contexte, l’OMS rappelle que la vaccination reste cruciale. Pour mieux coller aux mutations du virus, les groupes pharmaceutiques Pfizer/BioNTech, Moderna et Novavax ont d’ailleurs développé des vaccins ciblant les derniers sous-variants.