En jouant de la sorte, les joueurs de Luc Holtz peuvent espérer perturber la Slovaquie, lundi, et ainsi prendre leur revanche après un match aller raté. Le hic : la Slovaquie, battue par le Belarus chez elle, doit gagner pour valider son ticket.
Paraît que les absents ont toujours tort. Difficile d’adapter le dicton à Tom Schnell, remplaçant à la surprise générale au profit de Kevin Malget et qui, la semaine dernière, disait tout haut ce que pas mal de gens n’osent pas dire : « Le jeu espagnol, avec le temps, je trouve ça ennuyeux. »
Alors oui, les 16 000 Espagnols ont agité les drapeaux et fait vibrer leurs cordes vocales sur les doublés de Santi Cazorla et de Paco Alcacer, récompensant une domination outrageuse un peu plus évidente dans les dernières minutes quand les Luxembourgeois en avaient plein les jambes. Mais les spectateurs ont plus agi par réflexe, pour dire «merci d’être venus nous voir» (car la Roja n’avait plus mis les pieds à Logroño depuis 2006) qu’autre chose.
Pour tout dire, le bruit le plus sourd qui a retenti des tribunes du stade Las Gaunas est ce cocktail sifflements-applaudissements dès que le Catalan Gerard Piqué a touché le ballon. Cette scène gênant, qui s’est répétée une grosse vingtaine de fois, montre que le pays est autant divisé qu’il en a l’air sur la préoccupante question de l’indépendance de la Catalogne.
Malget, pari gagnant
Il y avait du foot, vendredi soir, et il ne faut surtout pas croire qu’il n’y a que pour les Luxembourgeois que ce match avait quelque chose d’exceptionnel. Annoncé partant de son poste de sélectionneur de la Roja, Vicente Del Bosque disputait son dernier match de compétition sur le banc de l’Espagne. En tout cas en éliminatoires et au pays, puisque la Roja, qui terminera sa campagne lundi en Ukraine, a très logiquement composté son billet pour la phase finale. Son dernier match s’est soldé par une victoire qui a mis du temps à se dessiner et qui a fini par accoucher du même score qu’il y a un an : 4-0.
Pour autant, on a plus longtemps vu le côté héroïque des Luxembourgeois que la magie espagnole, vendredi. La Roja s’est présentée avec onze joueurs qui disputent tous la Ligue des champions cette saison.
Des gars rassasiés de trophées qui, pendant 42 minutes, ont buté sur des mecs affamés. L’exemple le plus significatif est Kevin Malget, la fameuse surprise secrète de Luc Holtz, qui a fait don de son corps pour tenir la baraque le plus longtemps possible.
Cela va faire mal aux oreilles de ceux qui ne regardent que les scores des matches des Roud Léiwen sans jeter un œil sur le contenu, mais vendredi, oui, il y avait quelque chose de magnifique dans cette défaite. Une résistance, un refus de la hiérarchie, une solidarité qui n’ont jamais vraiment disparu de la sélection, mais qui ont sauté aux yeux.
Ces types-là ont un bel avenir, et l’avenir commence lundi face à la Slovaquie.
De notre envoyé spécial sur place Matthieu Pécot