La crise migratoire de 2015 va-t-elle se répéter? En tout cas, la tendance chiffrée indique que les pays de l’UE, plus la Norvège et la Suisse, risquent de dépasser le cap du million de demandeurs d’asile au bout de cette année 2023. Rien que sur les six premiers mois de l’année, quelque 519 000 personnes ont cherché à trouver refuge en Europe. Ce chiffre constitue le plus élevé depuis 2016 et le deuxième plus grand nombre jamais enregistré. Ce total ne tient pas compte des réfugiés de guerre ukrainiens, qui continuent également d’affluer. Ils sont actuellement près de 4 millions à bénéficier du statut de protection temporaire.
Le Luxembourg ne fait pas exception à la règle. Après une vague sans précédent en 2023, l’afflux de demandeurs d’asile continue de tendre à la hausse. Les requêtes pour bénéficier de la protection internationale sont en augmentation de près de 14 % au premier semestre. L’extension de la capacité d’accueil réalisée courant 2022 risque de s’avérer insuffisante, sachant que les foyers étaient quasiment saturés à la sortie de l’année écoulée.
Les efforts à réaliser pour accueillir dignement les demandeurs d’asile nous forcent à aller au-delà des chiffres bruts. Derrière chaque dossier introduit se cache un lourd sort humain. La politique migratoire de l’UE semble trop souvent négliger cet aspect. Il faut d’ailleurs constater que le renforcement de la forteresse européenne est un échec. Les murs et fils barbelés n’empêchent pas l’arrivée massive de réfugiés. La seule conséquence est que des drames continuent de se produire sur les routes migratoires, à commencer par la Méditerranée. Le dernier bilan fait état de 1 800 personnes mortes ou disparues depuis le début de cette année.
En juin, un accord de principe a pu être scellé sur une révision du Pacte européen sur la migration et l’asile. Le renforcement des frontières extérieures en fait toujours partie, avec néanmoins l’engagement de rendre l’accueil plus digne. De plus, la solidarité entre États membres, même les plus récalcitrants, devient enfin obligatoire. Il faut d’ores et déjà se poser la question de savoir si les mesures prises seront suffisantes pour mieux réguler la migration, mais surtout éviter les drames humains qui restent une triste réalité.