Pour la première fois de l’histoire, une équipe luxembourgeoise de sport collectif, la sélection nationale dames de 3×3, s’est qualifiée pour un championnat d’Europe. Et ça se passe dès aujourd’hui.
Il y a un peu plus de deux mois, l’équipe nationale féminine du 3×3 est entrée dans l’histoire du sport luxembourgeois. À Limassol, Nadia Mossong, Bridget Yoerger, Lisa Jablonowski et Cathy Schmit, médaillées d’or aux JPEE de Malte quelques semaines plus tôt, ont remporté le tournoi de qualification pour les championnats d’Europe, devenant la toute première sélection luxembourgeoise de sport co à se qualifier pour le tournoi final d’un grand championnat.
Après un été forcément mouvementé, c’est déjà le grand jour. En effet, c’est aujourd’hui que la sélection entre en action, du côté de Jérusalem, en Israël. Et avec seulement 12 équipes retenues pour la compétition, il était clair que le Luxembourg allait se retrouver dans une poule très forte. Le tirage au sort a donc réservé la poule D avec l’Espagne et les Pays-Bas aux joueuses grand-ducales : «C’est un gros tirage. On a les vice-championnes d’Europe qui viennent de gagner une étape du Women’s Series et les Espagnoles qui sont la sixième ou septième nation mondiale. De toute façon, il n’y a que des grosses équipes», analyse Vincent Gevrey, l’entraîneur national. Qui a fait confiance à la même équipe : «Dès le début de la campagne, on avait en tête le fait de jouer avec une équipe de grande taille. On a donc construit notre style de jeu autour de ces paramètres, avec l’idée d’utiliser le rebond, le jeu intérieur.»
Mais même si, sur le papier, les matches peuvent sembler déséquilibrés, les Luxembourgeoises ne se présentent pas en victimes expiatoires. Loin de là : «On est impatients d’y aller et de voir comment on va se comporter. On veut faire bonne figure. Montrer qu’on est compétitifs. Et secrètement, on espère réussir à accrocher une victoire. Ce sera un gros challenge.»
Si le Luxembourg va découvrir une si grosse compétition, le technicien ne se fait pas de souci pour l’adaptation de ses joueuses : «On a des joueuses qui ont assez d’expérience pour oublier le contexte et se concentrer sur le plan de jeu.» Un plan de jeu pas facile à établir quand, à la différence de ses adversaires, on n’est pas pro : «C’est une équipe avec des joueuses qui bossent, qui ont des familles. Une joueuse qui revient de deux ans d’inactivité. Elles se sont beaucoup impliquées dans le process, ont fait beaucoup de sacrifices pour être là.»
Mais elles font de leur mieux avec les moyens du bord : «On n’est pas pro, on ne s’entraîne pas deux fois par jour, si bien qu’on doit s’adapter. Seulement, on commence à avoir une véritable identité de jeu. Notamment en attaque. Défensivement, on doit faire des choix tactiques. Mais globalement, on doit surtout se concentrer sur ce qu’on sait faire.» Et d’ajouter : «Les filles doivent prendre du plaisir à jour. Vivre cet événement à fond car elles ont mérité d’être là. Et avoir conscience qu’en jouant avec précision et intensité, on peut déranger ces grosses nations.»
Une intensité et un rythme différents
Pour se préparer au mieux pour cet énorme rendez-vous, les vacances ont forcément été courtes : «On était ensemble jusqu’à la mi-juin, ensuite on a coupé un peu car chacun avait des contraintes professionnelles. On a repris avec certaines les entraînements à la mi-juillet avant une coupure d’une semaine. Et début août, on a attaqué à nouveau avec la préparation. Chacun a fait son maximum avec ses obligations. On a fait un tournoi de préparation début août à Düsseldorf, où on perd contre une équipe du Women’s Series. Ensuite, on est partis à Barcelone pour faire un camp dans une académie du 3×3. Tous les jours, on avait des créneaux d’entraînement et des adversaires pour faire des matches. Et de retour à la maison, certaines joueuses luxembourgeoises ont pris de leur temps pour servir de partenaires à l’entraînement.»
Il fallait au moins cela pour avoir une chance de rivaliser avec des filles qui ont l’habitude de jouer au plus haut niveau. Ce qui va manquer aux Luxembourgeoises : «La différence avec les meilleures, c’est une question de rythme et d’intensité. Ce sont des équipes qui ont l’habitude des compétitions de haut niveau. Qui sont en permanence sur le Women’s Series, la ligue mondiale où l’intensité et la vitesse de jeu sont très élevées. C’est vraiment sur ce point qu’on va devoir s’adapter.»
S’il ne croit pas une seconde que ses filles seront sous-estimées, Vincent Gevrey compte malgré tout sur l’effet de surprise : «C’est vrai qu’on aura peut-être été moins scoutés et qu’on pourra peut-être en profiter sur le premier match notamment. Vous savez, tout peut aller très vite dans le 3×3. On a vu sur le tournoi Women’s Series la France perdre contre Düsseldorf. Tout peut arriver. Plus que notre capacité à nous opposer à ces équipes, c’est notre manière de gérer la pression et notre inexpérience à ce niveau qui sont les inconnues.»
Quant à savoir quelle équipe le Luxembourg pourrait accrocher… «Ce sont deux équipes avec des styles différents. L’Espagne a plus de rythme et moins de physique. Les Pays-Bas sont peut-être une formation plus complète avec un physique un peu plus important. Ce sont peut-être eux qui collent le plus à notre profil. Mais encore une fois, si on arrive à développer notre jeu, on peut embêter l’Espagne.»
Quel que soit le résultat, il s’agira d’un nouveau pas vers le haut. Et pour en franchir d’autres, il faudra multiplier les compétitions de haut niveau : «C’est clair que pour évoluer, il faudra passer par là. Est-ce qu’on serait ridicules sur la Women’s Series? Je ne pense pas.»
Mais en attendant, il y a une compétition à jouer. Un énorme rendez-vous. Avec une règle simple : pour aller plus loin, il faut gagner un match. Sinon, c’est terminé. Mais quoi qu’il se passe, les filles resteront sur place jusqu’au bout de la compétition. Histoire de profiter d’une récompense bien méritée!
Le programme
Aujourd’hui
16 h 30 : Luxembourg – Espagne
18 h 20 : Luxembourg – Pays-Bas
L’équipe luxembourgeoise : Cathy Schmit, Lisa Jablonowski, Nadia Mossong, Bridget Yoerger.