Les profits des entreprises en zone euro comptent pour près de la moitié de l’inflation. Le Luxembourg peut compter sur son index et sur les perspectives de rentabilité de ses banques.
Une analyse de l’inflation sur l’année 2022 publiée par le Fonds monétaire international (FMI) a intrigué le député socialiste Yves Cruchten jusqu’à interroger le gouvernement sur les données concrètes sur le calcul de l’inflation au Luxembourg. Selon les auteurs du FMI, une partie seulement de l’augmentation des prix est due à la flambée des prix de l’énergie alors que les profits des entreprises en zone euro comptent pour près de la moitié de l’inflation qui a atteint son pic à 10,6 % en octobre 2022.
Contrairement à la majorité des autres pays européens, l’indexation automatique des salaires réduit la perte de pouvoir d’achat constatée partout ailleurs, c’est déjà une première chose et la prochaine tranche est d’ailleurs fixée au 1er septembre, c’est-à-dire demain.
D’autres analystes avaient récemment calculé une diminution des salaires réels de 2,6 % pour le Luxembourg pour 2022, mais en utilisant des indicateurs économiques différents de l’indice des prix à la consommation national (IPCN), qui se révèle plus exact pour calculer la hausse des prix subie par les ménages luxembourgeois au niveau national, selon la Chambre des salariés, qui s’était emparée du sujet récemment.
Cette décomposition de l’inflation, selon les calculs du FMI, met en évidence pour 2022 une contribution bien plus forte des prix à l’importation que des profits à la hausse des prix à la consommation relevée au Luxembourg, mais aussi une contribution des salaires relativement plus importante que dans la zone euro, comme le précisent le ministre de l’Économie, Franz Fayot, et la ministre des Finances, Yuriko Backes.
Hausse de la marge d’intérêts
Le député Yves Cruchten interroge les ministres sur les taux d’intérêt qui ont grimpé à 3,5 %, sur l’impact ressenti sur la marge d’intérêts et sur les résultats des banques luxembourgeoises.
La marge d’intérêts représente, selon une définition du Statec, le solde entre les revenus d’une banque générés sur ses actifs rapportant un intérêt (prêts et titres à revenu fixe détenus) et les charges d’intérêts sur ses passifs (dépôts, financements et dérivés). Concernant les résultats des banques, au 1er trimestre 2023, on constate une hausse de la marge d’intérêts des banques au Luxembourg de 66,5 % par rapport à la même période de l’année 2022, avant la remontée des taux directeurs. La CSSF constate que cette tendance est observée pour 80 % des banques et s’explique par le contexte de hausse généralisée des taux d’intérêt. Le résultat avant provisions et impôts du secteur bancaire a augmenté de 57 % sur un an.
Le gouvernement ajoute, à côté de ces chiffres bruts, que tout est question de perspective. «La profitabilité bancaire au Luxembourg avait atteint des niveaux historiquement bas au cours des quinze dernières années», rappellent les ministres interrogés. La crise sanitaire de 2020 a aggravé cette situation, accentuant encore davantage le déclin de la rentabilité cette année-là, tout comme les impacts indirects liés aux tensions géopolitiques.
La profitabilité comme défense
«La profitabilité demeure la première ligne de défense des banques face à des chocs négatifs», répondent encore les ministres Fayot et Backes. La Banque centrale européenne surveille de près la profitabilité des banques afin de garantir la stabilité et la résilience du système bancaire de la zone euro.
La BCE mentionne notamment, dans sa dernière revue de la stabilité financière en mai, que la rentabilité opérationnelle des banques s’est améliorée en 2022, mais que les perspectives sont devenues plus incertaines en raison des vulnérabilités dans les secteurs non financiers. Si la rentabilité de la plupart des banques de la zone euro a donc bénéficié de marges d’intérêts croissantes, les incertitudes ont également augmenté concernant la perspective de rentabilité.