Les îles Salomon, alliées de la Chine dans le Pacifique, se sont élevées vendredi contre le rejet en mer d’eau issue de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima au Japon.
Le Premier ministre des Salomon, Manasseh Sogavare, a publié une « déclaration ferme contre la décision du Japon ». Le rejet d’eau, qui a débuté jeudi, « a un impact sur nos populations, nos océans, notre économie et nos moyens de subsistance », a déclaré le chef du gouvernement qui a décidé en 2019 de se détourner de Taiwan pour nouer des relations diplomatiques avec la Chine.
La Chine s’est vivement opposée au rejet des eaux de Fukushima, filtrées et diluées selon un plan validé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et a notamment suspendu toute importation de produits de la mer du Japon.
D’autres Etats d’Asie-Pacifique ayant de meilleures relations avec le Japon, comme la Corée du Sud, Taïwan, l’Australie ou encore les îles Fidji et les îles Cook, ont, eux, exprimé leur confiance quant à la sécurité du processus lancé à Fukushima.
« Une mer sans nucléaire »
A Fidji, une manifestation de l’opposition fidjienne a toutefois réuni vendredi à Suva quelques centaines de personnes qui tenaient des pancartes demandant notamment « une mer sans nucléaire ».
Le parti d’opposition FidjiFirst, sous la houlette de l’ancien Premier ministre Frank Bainimarama, promoteur de liens étroits avec Pékin lorsqu’il était au pouvoir, a estimé que le gouvernement fidjien « laissait tomber les générations futures en autorisant le Japon à déverser ses déchets nucléaires dans l’océan ». « .
Quelles que soient les données scientifiques sur le sujet, le rejet d’eaux tritiées de Fukushima pourrait offrir une ouverture diplomatique à Pékin au sein des pays du Pacifique, a estimé Mihai Sora, un ancien diplomate australien qui travaille désormais au Lowy Institute de Sydney.
Une question sensible dans le Pacifique
Le Japon a « fait beaucoup de diplomatie pour convaincre autant de dirigeants du Pacifique que possible », a-t-il dit, mais « presque universellement, cette décision sera impopulaire parmi les communautés du Pacifique ».
Pékin pourrait « encourager certains de ses partenaires à s’exprimer avec force sur ce sujet, car cela sert ses intérêts ».
D’autant que la question nucléaire est sensible dans le Pacifique où les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont mené leurs expériences atomiques pendant des décennies au XXe siècle.