Malheureux lors des deux premières journées, le Français a inscrit dimanche contre Käerjeng (5-3) le premier triplé de la saison de BGL Ligue. De bon augure, après une saison frustrante à Orléans (N1).
Il faut parfois se mouiller la nuque, quand on est un joueur français, qui plus est francilien, et qu’on met pour la première fois les pieds au John-Grün, antre pour le moins champêtre de l’US Mondorf. Mais pour Oumar Gassama, arrivé cet été de l’US Orléans (National 1), l’acclimatation a été plutôt rapide : non seulement il avait connu ce type de décor à Saint-Jean-le-Blanc, commune de 8 500 âmes voisine d’Orléans, dont il a défendu les couleurs entre 2020 et 2022 avant, justement, de rejoindre l’USO.
Surtout, il a découvert un visage connu en pénétrant dans le vestiaire mondorfois : celui du grand Jean-Paul Kumbi (2,02 m), venu lui de Schiltigheim (relégué en Régional 1), en Alsace, mais qu’il affrontait fréquemment, plus jeune, au city stade de Sevran, en région parisienne. «Le monde est petit», se marre Gassama, qui a dû en dire autant… des buts de BGL Ligue, après avoir touché deux fois la barre lors des deux premières journées, perdues face au RFCU (1-3) puis à Mondercange (3-2), puis raté un penalty à la 6e minute, dimanche contre Käerjeng (5-3, 3e j.).
Avec Kumbi, le duo du city stade a sévi
Mais l’attaquant, «calme» par nature, n’est pas du genre à douter. «Je ne me prenais pas la tête, assure-t-il. Quand on est attaquant, on ne peut pas marquer à tous les coups. Je me disais que j’aurais d’autres occasions, et que ça finirait par rentrer.» Bien vu : le Français en a eu trois autres, et a donné trois fois – dont deux sur des services de Kumbi – l’avantage à l’USM, d’une frappe instantanée à l’entrée de la surface (2-1, 21e), d’un enchaînement en pivot aux six mètres (3-2, 37e) et d’un lob en une touche (4-3, 64e).
De quoi confirmer l’adage, rendu célèbre par Cristiano Ronaldo et ressorti en causerie d’avant-match par son coach Manuel Correia, qui veut que «les buts, c’est comme le ketchup, quand ça vient, ça vient d’un coup». Mais aussi mettre définitivement derrière lui une saison 2022/2023 frustrante, à Orléans, où il n’a disputé que 584 minutes (réparties en 20 apparitions), débuté que cinq matches et marqué qu’une fois en National 1… et été, parfois, utilisé à un poste inhabituel de piston gauche dans le 3-5-2 local.
Non sans peine. «Je n’avais jamais joué là et franchement, c’est très, très, très dur. J’ai une très bonne VMA et ça ne me dérange pas de faire les efforts, je peux d’ailleurs jouer excentré gauche ou droit mais là, j’avais tout le couloir. Devant le but, je n’avais plus de lucidité», se souvient celui qui se sent plus à l’aise «dans l’axe ou côté gauche». Et s’est peut-être définitivement affranchi de ce rôle de piston auquel Manuel Correia l’a aussi utilisé de la 1re journée : dimanche, c’est dans un rôle de neuf et demi, en soutien de Kumbi, que Gassama a inscrit le premier triplé de la saison en BGL Ligue.
M’Barki, Hadji, Buch, exemples à suivre
Plutôt de bon augure, quand on sait que les premiers triples buteurs se nommaient El Hassane M’Barki (Mondercange) en 2022/2023, Samir Hadji (F91) en 2021/2022 et Andy Buch (Differdange) en 2020/2021. Soit trois hommes qui ont tous passé la barre des dix buts en championnat (17, 13 et 14) par la suite. Mais s’il admet avoir «un petit objectif en tête», Oumar Gassama entend surtout «faire le plus de matches possibles et prendre du plaisir» à Mondorf, où il a signé deux ans.
Cela ne lui aurait pas été garanti en N1 où Le Mans, ex-pensionnaire de Ligue 1 (2003/2004 et 2005-2010), le suivait notamment («c’est bien beau d’aller dans un club renommé, mais si tu ne peux pas te montrer…»), et où les clubs luttent continuellement pour leur survie ces temps-ci, entre une DNCG (le gendarme financier du foot français) qui a la rétrogradation facile et une réforme des divisions professionnelles françaises (après la L1, c’est au tour de la L2 de passer de 20 à 18 clubs) qui va, cette saison encore, engendrer six descentes en N2 en mai.
D’où ce premier pari de l’étranger, dans un pays frontalier de la France où il ne souffre pas de la barrière de la langue – «je ne serais pas allé en Slovaquie» – et un contexte où il peut s’assurer «au moins une saison totalement focus sur le foot», lui qui a toujours bossé en marge du foot, comme chauffeur-livreur ou coach de jeunes, jusqu’à sa signature à Orléans. «J’essaie de me mettre dans le cadre le plus professionnel possible, pose le n° 15 mondorfois. Lors des journées off, je vais aux soins, j’essaie de bien me reposer et de faire du travail en plus.» De préparer du ketchup, en somme.