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Vers une liste de « pays sûrs » sans la Turquie


Le sujet de la Turquie divise. "Dans certains États de l'UE, la position définitive n'a pas encore été arrêtée", a reconnu Jean Asselborn. (Photo AFP)

L’adoption d’une liste européenne de « pays sûrs », qui permettrait de renvoyer plus rapidement certains migrants vers leur pays d’origine, achoppe en raison de désaccords sur la Turquie qui pourrait finalement ne pas y figurer.

« Tous les États membres sont d’accord pour établir une liste commune » de pays sûrs, a affirmé le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn, à l’issue d’une réunion des ministres européens de l’Intérieur à Luxembourg.

En septembre, la Commission européenne avait proposé d’établir une liste commune de « pays sûrs », dont les ressortissants ne courent a priori pas de risques dans leur pays justifiant une demande d’asile dans l’Union, et ce pour accélérer leur rapatriement. Mais les divisions autour de ce projet sont « au moins aussi toxiques » que celles ayant surgi autour de la répartition de 160 000 réfugiés qui a conduit l’Union au bord de la rupture le mois dernier.

Sujet à divergences

En effet, plusieurs capitales refusent d’inscrire sur la liste la Turquie, en raison de son bilan mitigé en matière d’indépendance de la justice, de droits des minorités, de liberté de la presse et d’expression notamment, confirment encore plusieurs sources concordantes. Le Parlement européen a, sur le plan législatif, son mot à dire « en ce qui concerne ce sujet très sensible de liste de pays sûrs », a rappelé Jean Asselborn. « Dans certains États de l’UE, la position définitive n’a pas encore été arrêtée », a-t-il reconnu, le gouvernement allemand par exemple n’ayant pas encore tranché.

La Commission européenne propose d’inscrire sept pays sur cette liste, dont la Turquie et le Kosovo. L’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie y figureraient également. Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est dit néanmoins « assez confiant sur le fait qu’on puisse trouver une solution sans tarder ».

Conscients que les eurodéputés rechigneraient à donner leur feu vert à une liste incluant la Turquie, les Européens s’apprêteraient à « laisser le problème turc de côté » en proposant dans l’immédiat d’y inscrire seulement les six pays balkaniques concernés. « Jamais le Parlement européen ne classera par un vote la Turquie dans les pays sûrs, cela reviendrait donc à tuer immédiatement le projet », abonde une autre source diplomatique.

AFP/A.P