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Moselle : le berceau de la Smart roule en 4X4 vers une deuxième vie


Photo : Smart France

Un 4×4 thermique imposant y côtoie encore, pour quelques mois, une petite citadine électrique Smart : dans l’usine de Lorraine cédée par Daimler à Ineos, les lignes de production sont semblables, mais les engins produits complètement différents.

Le britannique Ineos Automotive fabrique à Hambach (Moselle) ses différents types de Grenadier, de robustes 4×4, depuis octobre 2022, après avoir racheté en 2020 l’usine Smart au groupe allemand Daimler (depuis rebaptisé Mercedes-Benz Group), avec la préservation d’une majorité des emplois.

Ces gros tout-terrain, inspirés du Land Rover Defender, bénéficient pour leur construction d’équipements ultra-modernes : Mercedes-Benz y avait investi avant de poursuivre en Chine la production de la Smart en version électrique.

Ineos a passé près de deux ans à réadapter la chaîne à ses véhicules.

La première étape de fabrication, celle du ferrage, est presque entièrement automatisée avec des technologies de pointe. Des robots aux bras métalliques orange assemblent les différentes pièces du futur Grenadier. Quelques rares humains sont présents : ils assurent majoritairement le contrôle qualité.

Mais au cours des étapes suivantes, du laboratoire de recherche à la peinture, jusqu’à l’assemblage et au produit fini, la main d’œuvre est abondante. Quelque 1.500 personnes sont actuellement employées dans l’usine de cette petite ville située tout près de l’Allemagne et du Luxembourg.

En 20 ans, l’âge moyen de la main d’oeuvre « est passé de 25 ans à 45 ans », indique Philippe Steyer, son directeur. C’est d’ailleurs en grande partie pour ses employés « hautement qualifiés » qu’Ineos a misé sur Hambach pour fabriquer son Grenadier, assure Lynn Cadler, PDG de l’entreprise : « Sans Hambach, on n’en serait pas là. »

Lorsque deux postes de production entièrement dédiés au Grenadier seront ouverts, Ineos mise sur 1 700 employés directs et 300 emplois externalisés supplémentaires.

Commandes meilleures qu’espéré

À fin juillet, neuf mois après le coup d’envoi de la production, 5 500 véhicules étaient sortis de l’usine. Mais pour Steyer, l’objectif est d’en produire 10 000 de plus « d’ici à la fin de l’année », et 30 000 en 2024.

La production de la Smart Fortwo sera, elle, définitivement stoppée fin mars 2024.

Le Grenadier, qui se situe dans « une niche de la niche », selon Steyer, est demandé. Les clients sont « des passionnés de 4×4 », mais aussi des agriculteurs, chasseurs, forestiers ou aventuriers, friands des accessoires qui peuvent être vendus en complément du véhicule, tel que le pare-buffle, apprécié en Australie.

Le ministère français de la Défense ou les sapeurs-pompiers, se sont renseignés auprès d’Ineos sur le Grenadier. Mais pour l’heure, le constructeur ne livre pas de flottes. « On a un carnet de commandes suffisamment rempli », assure Steyer.

En France, où le Grenadier classique est soumis à un important malus écologique (environ 50.000 euros à ajouter au prix d’achat, de quelque 70.000 euros), le marché a pris « mieux que ce que l’on pensait », assure Steyer. Le Royaume-Uni a lui aussi répondu à l’offre.

Les délais de livraison sont actuellement de plusieurs mois : pour une commande fin juillet, le client sera livré « début avril » 2024. Mais « on est plutôt bien lotis » sur l’approvisionnement en matières premières, rassure Philippe Steyer.

Hydrogène

Si le produit peut paraître à contre-courant des impératifs écologiques, l’entreprise veut croire en l’avenir. Elle souhaite être « prête industriellement en 2026 ou 2027 » à produire un Grenadier à motorisation hydrogène, en partenariat avec BMW, explique Steyer, afin de pouvoir répondre à la demande si le marché était lui aussi « prêt » à se convertir.

Un premier véhicule de démonstration a été fabriqué. Le choix de la pile à hydrogène permettrait de « ne pas compromettre les capacités du Grenadier », selon Lynn Cadler.

« Les véhicules à pile à combustible à hydrogène sont plus adaptés aux trajets longs » ou encore aux conduites intenses où la batterie électrique aurait « trop d’impact sur la charge utile » de la voiture.

Ineos appartient au chimiste milliardaire britannique Jim Ratcliffe, qui investit largement dans l’hydrogène.