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[Musique] Being Dead : en route pour la joie!


Dans sa forme, avec ces amalgames improbables, la musique de Being Dead s’apparente à une grande fête, spontanée et folle, à l’énergie communicative. (Photo Bayonet Records)

Premier album de Being Dead, après plusieurs singles et EP, When Horses Would Run décrit l’ADN de l’Amérique : la violence occidentale, l’évangélisme, le consumérisme à tout crin…

Une fois n’est pas coutume, et car on n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est le groupe qui se charge des présentations : «We are Being Dead !», chante-t-il dans une belle harmonie sur la chanson du même nom, avant de préciser : «On s’amuse bien, et on espère que c’est le cas pour vous aussi!». La suite ressemble à une session entre amis qui débutent en musique, tard le soir, avec un solo de guitare désaccordée et un autre de synthétiseur tout aussi incohérent. Le message est assez clair : Being Dead apprécie la bizarrerie et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. When Horses Would Run, son premier album, s’en veut le témoin.

Jusque-là, il n’avait jamais été aussi loquace, se contentant de singles et d’EP, disséminés pêle-mêle durant cinq ans. Suffisant toutefois pour saisir déjà son esprit espiègle et cette capacité à ne se donner aucune limite. Une dynamique née d’une profonde amitié, «palpable, sensible», comme l’écrivent sur Bandcamp Falcon Bitch et Gumball, les deux coquins derrière ce projet. Ils aiment d’ailleurs dire qu’ils se sont rencontrés au milieu des années 1 700 comme ramoneurs, à Seattle en tant qu’ouvriers chez Cinnabon, ou encore dans un cirque itinérant. En réalité, ils sont d’Austin, Texas. Et ils ne sont pas deux, mais bien trois (avec une dénommée Ricky Moto).

On l’aura bien compris : Being Dead aime fausser les pistes, et sa musique en est l’écho. Celle-ci prend de multiples formes, sautant sans sourciller du surf rock à la pop psychédélique, du punk frénétique au garage. Et parfois dans le même morceau, comme Last Living Buffalo, dont la mélodie joyeuse dérape sur des bruits et cris. Idem pour Muriel’s Big Day Off, chanson coupée en deux par des éléments de jazz. Une touche d’autant plus inventive que le rigolo trio n’hésite pas à passer d’un instrument à l’autre, afin d’ajouter en confusion. Malgré tout, une signature sonore persiste : celle de la pop et du rock des «sixties», aux harmonies vocales kaléidoscopiques et aux guitares qui se perdent dans de lointaines résonances.

On s’amuse bien, et on espère que c’est le cas pour vous aussi!

Dans sa forme, avec ces amalgames improbables, la musique de Being Dead s’apparente à une grande fête, spontanée et folle, à l’énergie communicative. Dans le fond, bien que le rire ne soit jamais loin et que la blague soit portée à la ceinture, le ton se veut plus soucieux. Le groupe prend l’auditeur par la main et l’emmène à sa manière en voyage. Si avec When Horses Would Run, on reste au cœur des États-Unis, on ne fait pas du surplace avec ces histoires de voleurs à l’étalage, de cow-boys égarés, de buffle qui meurt sur un champ de bataille et de trips sous acide, avec derrière, comme paysage qui défile, des collines, des déserts et même la banlieue (Misery Lane).

En creux, ici, c’est l’ADN de l’Amérique qui est décrit : la violence occidentale, l’évangélisme, le consumérisme à tout crin… Mais plutôt que de montrer à quel point ça l’affecte, Being Dead sort les amplis en mode cathartique et, à travers des voix rêveuses et une attitude enjouée, montre qu’il est nécessaire de prendre de la hauteur pour ne pas sombrer : «Oui, si l’on cherche la beauté entre les fissures, et que l’on ne se prend pas trop au sérieux, il y a de la joie à trouver partout!», clament-ils ainsi d’une même voix. Falcon Bitch et Gumball sont finalement l’archétype de ce que l’on attend de la musique, dans sa forme la plus pure : voir un pote ou une copine, sortir les instruments et jouer sans retenue. Une telle invitation ne se refuse jamais.

Being Dead. When Horses Would Run. Sorti le 14 juillet. Label Bayonet Records. Genre rock