L’épisode est largement tombé aux oubliettes. L’appel du pied de Claude Wiseler lancé, lundi, au DP pour ne pas prendre le virage ambulatoire préparé par la ministre socialiste Paulette Lenert n’est pas sans rappeler le coup tenté début octobre 2019 par Frank Engel. L’ancien président du CSV était venu charmer les libéraux, mais aussi les socialistes, pour former une nouvelle coalition à deux partis, moins d’un an après la reconduction de la majorité tricolore, complétée par déi gréng. CSV et DP auraient compté 33 sièges, CSV et LSAP auraient totalisé 31 sièges.
Coup de bluff ou tentative de discréditer le CSV ? Frank Engel n’a pas caché avoir mené des pourparlers informels, sans toutefois formuler d’«offre immorale». DP et LSAP ont catégoriquement refusé une alliance avec les chrétiens-sociaux. Si le coup tenté, hier, par Claude Wiseler est de moindre envergure, il a le potentiel de faire éclater la coalition, à trois mois des législatives. Le coprésident du CSV a invité le DP à ne pas voter, jeudi à la Chambre, le projet de loi qui doit réglementer l’offre médicale en dehors des hôpitaux. Le camp chrétien-social plaide – à l’image de l’Association des médecins et médecins-dentistes – pour une politique de santé plus libérale. Au vu du refus du LSAP de Paulette Lenert de s’engager sur cette voie, le CSV en a appelé à l’esprit… libéral des députés du DP. En vain. Au micro de RTL, le chef de fraction Gilles Baum a rapidement émis une fin de non-recevoir, qualifiant le projet sur la table de «premier pas dans la bonne direction». Mais, a-t-il ajouté, le DP plaide aussi pour faciliter l’installation dans les régions de dispositifs médicaux tels que des IRM.
Il y a fort à parier que Claude Wiseler savait très bien, au moment de formuler cette invitation, que le DP du Premier ministre, Xavier Bettel, n’allait pas lâcher le LSAP et déi gréng. La tentative illustre néanmoins les efforts du CSV pour forcer son retour au pouvoir. Une alliance avec le DP semble être une option qui pourrait plaire aux chrétiens-sociaux, emmenés par Luc Frieden. Ce dernier a déjà formulé sa préférence pour former une majorité à deux partis. Se dirige-t-on vers un gouvernement Bettel-Frieden, voire l’inverse? Les tractations sont lancées.
Encore faut-il que les résultats le permettent. Or, à part les trois premiers sondages de la législature (novembre 2019, avril et novembre 2020) qui donnaient une majorité CSV-DP (aucun des trois ne donnait majoritaire le CSV avec le LSAP), tous les autres depuis lors indiquaient une majorité nécessairement avecc trois partis. Autrement dit, les rêves de Luc Frieden et ses amis sont plutôt vains.