La visite officielle du président allemand au Luxembourg a lieu dans un contexte électoral particulier. À Berlin, les partis politiques «traditionnels», mais aussi de nombreux observateurs, s’inquiètent de la forte poussée dans les sondages des extrémistes de droite, réunis sous le toit de l’AfD.
Crédité de 10 % encore lors des législatives de septembre 2021, le parti – qui se trouve sous surveillance des services allemands de renseignements – récolte désormais 20 % des intentions de vote, dépassant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz. La popularité de l’AfD est particulièrement croissante dans les Länder de l’est de l’Allemagne.
Son succès obéit à une formule bien connue : proposer des solutions on ne peut plus simplistes à des problèmes très complexes. Ce qui est vraiment inquiétant côté allemand n’est pas nécessairement l’éclosion de l’AfD, mais plutôt le risque que d’autres familles politiques tombent dans le piège tendu par ce genre de partis populistes.
Les chrétiens-sociaux, renvoyés dans l’opposition après le règne d’Angela Merkel, se font un malin plaisir à taper aveuglément sur la coalition tricolore au pouvoir. Les Verts sont devenus la cible privilégiée de la CDU/CSU, avec comme caisse de résonance le tabloïd Bild. Un exemple : le ministre écolo en charge du Climat voudrait forcer du jour au lendemain tous les ménages allemands à changer de système de chauffage.
Le projet de loi sur la rénovation énergétique a failli faire imploser la coalition que forment sociaux-démocrates, Verts et libéraux. Ces derniers se sont montrés particulièrement virulents en reprenant le discours alarmiste de l’opposition, qui manque clairement d’objectivité.
Hier, Frank-Walter Steinmeier a fait remarquer qu’il faut cesser de voir tout en noir ou tout en blanc. Les nuances de gris devraient à nouveau gagner en importance afin de pouvoir prendre dans la sérénité les décisions politiques nécessaires.
Il est à espérer que ces mots aient aussi été entendus par les partis grand-ducaux. Car, aussi bien dans l’opposition qu’au sein de la majorité, les propos inadéquats se multiplient. Il faut rappeler, dans ce contexte, que la tentation de céder au populisme ne sert la cause de personne, si ce n’est celle des courants extrémistes.