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Tabac : «Si on continue comme ça, on prendra encore dix ans de retard»


Le prix du tabac étant le levier principal contre le tabagisme, la Fondation Cancer et sa directrice Lucienne Thommes ont réagi face à la récente hausse jugée trop faible.(photo Editpress)

Pour la Fondation Cancer, la hausse du prix du tabac entrée en vigueur le 1ᵉʳ juillet (20 centimes par paquet) n’est pas satisfaisante. Elle réclame une augmentation significative pour dissuader les jeunes de commencer, accompagnée de mesures complémentaires.

Depuis le 1er juillet, le prix minimal du paquet de 20 cigarettes a augmenté de 20 centimes, passant ainsi à 4,70 euros et celui de 50 grammes de tabac à rouler à 5,90 euros. «C’est un pas dans la bonne direction parce qu’à part les 10 centimes annuels, on n’a pas vraiment eu une hausse du prix du tabac depuis au moins 16 ans», a réagi Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer.

Mais, contre le tabagisme, c’est plus qu’un pas qu’elle attend. «Ça reste largement insuffisant pour éviter l’entrée dans le tabagisme. Vingt centimes de plus par paquet ne vont pas dissuader les jeunes de commencer, ni les fumeurs d’arrêter.» Alors, deux jours après la hausse, la Fondation Cancer a publié un communiqué de presse afin de rappeler que «le prix du tabac au Luxembourg demeure très bas, pour ne pas dire trop bas, car il reste toujours abordable».

Une accessibilité d’autant plus frappante en comparaison avec le paquet à près de 11 euros en France. Un prix qui reste pourtant loin des 14 euros minimum en Irlande et en Angleterre, deux pays que Lucienne Thommes prend pour exemple. Pour elle, il s’agit de la voie à suivre, guidée par l’Organisation mondiale de la santé qui fait savoir que «le prix du tabac est le meilleur moyen pour lutter contre le tabagisme».

Sans pouvoir donner de prix idéal, elle recommande une augmentation de quelques euros, accompagnée d’une hausse annuelle d’au moins 10 %, en veillant à ce qu’elle soit supérieure à l’inflation. «Sinon, si on continue comme ça, c’est-à-dire d’augmenter le paquet de 10 centimes par an, on prendra encore dix ans de retard», prévient-elle. Pour la Fondation Cancer, qui mène une stratégie nationale «Génération sans tabac» avec 37 partenaires, l’objectif est surtout de protéger les jeunes. «Si un jeune doit choisir entre fumer un paquet de cigarettes ou sortir avec ses copains au cinéma, c’est une discussion différente que de juste parler de 5 euros.»

«Il y a encore beaucoup à faire»

Bien que le prix soit le levier principal de la lutte contre le tabagisme, la Fondation Cancer rappelle qu’il existe aussi d’autres actions complémentaires. À commencer par la sensibilisation, dont les méthodes seraient à revoir. «Ça a été prouvé que montrer des images-chocs, comme sur les paquets, ça ne marche pas pour éviter une addiction.» Lors des campagnes de prévention dans les écoles, la présidente préconise un discours plus ciblé pour les jeunes.

«À un âge où ils veulent se sentir libres, on leur dit que fumer les rend tout sauf libres, qu’ils comprennent qu’ils sont addicts.» À cela s’ajoute aussi l’impact environnemental de l’industrie du tabac qui, selon elle, trouve un certain écho auprès d’une génération sensibilisée à ces questions. Au-delà de la discussion, elle souligne aussi l’effort du ministère de l’Éducation nationale afin de «donner plus de compétences psychosociales aux jeunes pour arriver à dire non et mieux gérer cette tentation constante».

Pour les 28 % de Luxembourgeois qui fument, d’après la dernière étude sur la prévalence tabagique au Grand-Duché, l’établissement d’utilité publique réclame la promotion du sevrage tabagique. Pour ce faire, «on estime que tous les produits de sevrage devraient être remboursés à 100 %». La mise en place de filières d’accompagnement pour les personnes souhaitant arrêter est aussi l’un de leurs fers de lance car «personne, ou presque, n’arrête de fumer seul du jour au lendemain».

Avant cela, la sensibilisation reste nécessaire, même pour un fumeur. Notamment lorsqu’il s’agit du tabagisme passif. «Les enfants sont les derniers à en être vraiment victimes, car ils vivent avec des parents qui, parfois, ne sortent pas fumer dehors.» Alors, comme avec les femmes enceintes, la Fondation Cancer vise les futurs parents et certaines recommandations controversées : «On interdit de fumer en voiture avec un enfant de moins de 12 ans, mais pourquoi on s’arrête à 12 ans?»

Afin d’interdire tout type de publicité et de réduire la disponibilité des produits du tabac, la Fondation Cancer compte aussi sur le gouvernement. L’un des enjeux actuels concerne la réflexion autour de l’interdiction des puffs, ces cigarettes électroniques jetables. Abordables, colorées et parfumées, ces dernières sont prisées par les jeunes et menacent l’objectif national d’avoir une génération sans fumeurs d’ici 2040. D’autant plus que «ça arrive vite et qu’il y a encore beaucoup à faire, à commencer par le prix du tabac.»

Un commentaire

  1. D’un côté l’état autorise une drogue assez dure, le tabac, dont il tire de larges recettes et de l’autre une autre partie du gouvernement voudrait en réduire l’usage.
    Vous avez dit schizophrène?