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Serge Wilmes fait le bilan : «Notre parti n’est plus assez connu»


Si son tandem avec Lydie Polfer a fait mouche, certains reprochent à Serge Wilmes de flouter la ligne qui sépare CSV et DP.

Il a sauvé son fauteuil de premier échevin, mais c’est celui de bourgmestre de la ville de Luxembourg qu’il visait. À deux mois de la campagne pour les législatives, Serge Wilmes fait le point.

Avant de prendre quelques semaines de vacances, Serge Wilmes a encore du pain sur la planche. Celui qui sera bientôt officiellement reconduit à son poste de premier échevin de la ville de Luxembourg, peaufine actuellement la rédaction de la déclaration échevinale attendue mi-juillet. «Les discussions avec le DP sur la composition du nouveau collège sont maintenant achevées. Nous avons déposé la lettre mercredi matin au Conseil de gouvernement», détaille-t-il, ajoutant que les assermentations sont prévues pour le courant de la semaine prochaine.

Sans surprise, Lydie Polfer, largement plébiscitée par les électeurs, rempile, tout comme son premier échevin. Pour les cinq autres sièges, ce sont les scores personnels des candidats de chaque parti qui ont été pris en compte. Ainsi, la ministre DP Corinne Cahen, qui a entre-temps démissionné de ses fonctions au gouvernement, et le chrétien-social Paul Galles remplaceront les échevins Laurent Mosar et Colette Mart, dans la nouvelle équipe. Maurice Bauer, Patrick Goldschmidt et Simone Beissel sont maintenus.

Quant aux attributions de chacun, elles ne seront dévoilées qu’au moment de la présentation de la déclaration échevinale, pas avant fin juillet, mais on peut s’attendre à des changements, ne serait-ce que pour les volets Finances publiques et Enseignement jusqu’ici détenus par les deux échevins écartés.

Pour cette nouvelle mandature, Serge Wilmes a réussi à imposer deux de ses priorités dans la feuille de route de la coalition : le développement urbain et la participation citoyenne. «Le développement des quartiers me tenait à cœur. J’ai donc insisté lors de nos discussions pour créer cette ville des courtes distances, et pour le faire, j’ai proposé que 2024 soit l’année des 24 quartiers», annonce-t-il.

Concrètement, il prévoit de lancer, dès la fin de l’été, les travaux préparatoires à une série de concertations avec les habitants l’an prochain, au rythme de deux par mois : «C’est ambitieux, mais on ne veut pas trop tarder, car ces rencontres constitueront la base de notre action au niveau du PAG ou d’autres projets. On espère faire émerger des doléances qui nous échappent, car en tant que responsable politique, on a parfois trop la tête dans les dossiers», concède-t-il. Aucun thème ne sera éludé durant ces réunions publiques et le premier échevin l’assure, les élus se montreront à l’écoute, avec la volonté de tirer un plan d’action de cet exercice collectif.

La sécurité, sujet phare de cette campagne, figurera aussi en bonne place dans la déclaration échevinale : «Nos deux partis se sont engagés à mettre sur pied cette police municipale dont on a beaucoup parlé, et nous prendrons nos responsabilités pour la défendre dans le cadre des législatives, en attendant un changement de la loi.»

«On doit sortir des milieux où on nous attend»

Si, en ville, le CSV s’est cassé les dents sur la dernière marche menant au Knuedler, cela reflète fidèlement son résultat aux quatre coins du pays, avec la perte de 16 sièges, là où le DP, grand gagnant, en a raflé 26 supplémentaires. Un mauvais signal à l’approche des élections nationales, Serge Wilmes en est conscient. «Il semble qu’une partie de notre électorat se soit tournée vers le DP et les pirates, quand les non-Luxembourgeois ont opté pour des suffrages de liste en faveur des libéraux. Ce qui nous a coûté cher», analyse-t-il.

Il estime que la visibilité dont bénéficie le Premier ministre a pesé lourd : «On a vu Xavier Bettel partout, mais comme l’avait fait Jean-Claude Juncker auparavant. C’est un avantage dont ils ont profité. Notre parti n’est plus assez connu, avec le renouvellement de la population, donc il y a tout un travail de terrain à faire. On doit sortir des milieux où on nous attend», plaide-t-il.

Mais pour incarner ce CSV nouveau, Luc Frieden est-il vraiment le meilleur choix de tête de liste? Pour Serge Wilmes, cela ne fait aucun doute : «La popularité compte, et sur ce point, Xavier Bettel a l’avantage, mais on ne peut pas tout miser sur les apparences… Luc Frieden incarne le sérieux et la compétence, alors que le pays doit faire face à de nombreux défis, dont celui de la compétitivité. Il faut que le CSV retrouve des responsabilités», martèle-t-il, tout en sachant que la partie s’annonce difficile.