Les frappes aériennes en Syrie doivent se concentrer sur le groupe Etat islamique (EI) «et les groupes considérés comme terroristes», dont Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, a déclaré lundi le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Il faut «taper Daech (acronyme arabe de l’EI) et les groupes considérés comme terroristes», a-t-il déclaré à la radio Europe 1. «Vous avez raison d’ajouter Al-Nosra», a-t-il ajouté, après une relance du journaliste qui l’interrogeait. L’appel lancé vendredi par le président François Hollande à son homologue russe Vladimir Poutine à frapper «Daech et uniquement Daech» était «une formule rapide», a-t-il admis.
La Russie a mené depuis mercredi plus de 70 frappes sur la Syrie au nom de la lutte contre le terrorisme, mais est soupçonné par les Occidentaux de frapper en priorité les groupes qui causent le plus de tort à son allié historique, le président syrien Bachar al-Assad.
En marge d’un sommet sur l’Ukraine à Paris, François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, qui comme les États-Unis souhaitent le départ du président syrien jugé comme le principal responsable des maux de son pays, ont insisté vendredi pour que les bombardements russes se concentrent sur le groupe jihadiste EI.
Lundi, le chef de la diplomatie française a également mis en garde contre le risque de voir le conflit syrien prendre une dimension religieuse encore plus forte.
«Le risque peut-être le plus effrayant c’est que le conflit devienne religieux: si on a d’un coté les populations chiites avec leurs alliés chiites, de l’autre côté les sunnites avec leurs alliés sunites, c’est une conflagration qui peut être extrêmement dangereuse», a-t-il estimé.
Le président al-Assad est un alaouite, une branche du chiisme. Outre la Russie, il est soutenu par la principale puissance chiite de la région, l’Iran, ainsi que des milices chiites comme le Hezbollah libanais. En face, les puissances sunnites comme l’Arabie Saoudite et le Qatar sont opposés au maintien au pouvoir du président al-Assad et soutiennent financièrement des groupes islamistes qui le combattent.
Ils participent à la coalition d’une soixantaine de pays menée par les États-Unis, qui a mené depuis un an des milliers de frappes en Irak et en Syrie contre des positions de l’EI. La France a mené il y a huit jours sa première et unique frappe jusqu’à présent en Syrie, après avoir refusé pendant un an d’intervenir militairement dans ce pays afin de ne pas renforcer indirectement le président syrien.
Paris, frappé par des attentats en janvier, invoque pour justifier l’extension à la Syrie de ses interventions limitées jusque-là à l’Irak, le droit à la «légitime défense» prévu par la charte des Nations unies. La France argue que l’EI prépare de nouvelles attaques contre ses intérêts depuis la Syrie.
Moscou critique cet argument légal. La Russie souligne de son côté agir en Syrie à la demande du président syrien, en conformité avec le droit international qui prévoit qu’un pays peut répondre favorablement à une demande d’aide d’un autre Etat.
AFP/M.R.