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Un mâle incurable

Le sexisme, ce poison lent qui coule dans les veines de toute la société. À la maison, dans la rue, en soirée, au boulot. Le sexisme au travail, justement, parlons-en. Ça n’a l’air de rien, parfois. Il ressemble à ce type sympa qui vous gratifie d’un compliment sur votre apparence. On s’en fout complètement, messieurs, d’être à votre goût, on veut seulement que vous nous respectiez. Il ressemble à ce type autoritaire, qui vous coupe la parole en réunion, questionne le moindre de vos choix. Met en doute vos aptitudes. Pour peu que vous grimpiez dans la hiérarchie, il estimera que vous avez sans doute obtenu des faveurs, voire que vous en avez accordé… Jamais parce que vous le méritez, encore moins parce que vous possédez les compétences requises. Jugement implacable de ces pauvres mecs qui, bien souvent, doivent leur promotion au hasard faisant bien les choses. Parce que présents au bon moment, au bon endroit. Les femmes se contenteront d’être belles et surtout de se taire. Et pourvu qu’elles soient douces, bien sûr.

Huit salariées sur dix affirment subir des discriminations professionnelles en raison de leur genre. Et le reste… Les silencieuses, qui n’auront jamais le luxe de s’exprimer. Gare à celles qui osent l’ouvrir. Ces dangereuses féministes guidées par les hormones. Ces chiennes hystériques et enragées qu’il faudrait piquer un bon coup. Celles-là, d’ailleurs, feraient mieux de se trouver un vrai mec pour les détendre. Pour les «honorer». On oublie encore que le sexisme institutionnalisé nourrit les violences dans l’intimité du domicile familial. En France, au moins 53 féminicides par compagnon ou ex-conjoint sont recensés à ce jour en 2023. Au Grand-Duché, la police fait état d’une hausse de quelque 7 % des interventions en l’espace d’un an. Un fléau qui ne fait pas beaucoup réagir, tout juste noircit-il des pages dans nos journaux.

Difficile, sinon impossible, de se délivrer du mâle incurable. On s’accroche pourtant au vain espoir de l’égalité. Sauf que depuis que le monde est monde et que l’homme est homme, les femmes sont condamnées à être dénigrées, maltraitées. Objets de tous les fantasmes, même les plus ignobles. Il faut s’adapter ou se battre. À nous de décider.

Alexandra Parachini