La Région Lorraine appelle les Lorrains à voter, le 1er février, pour ou contre une gare d’interconnexion TGV et TER à Vandières.
Le TGV a assurément changé la vie des Lorrains. (Photo : Julio Pelaez/AFP)
Pour ou contre ? Ni pour, ni contre (bien au contraire !)… En quinze ans, les lignes ont beaucoup fluctué. Alors président de région, Gérard Longuet (UMP) figurait parmi les signataires du protocole du 7 novembre 2000.
Le document actait le caractère provisoire de la gare de Louvigny et prévoyait la construction d’une gare lorraine TGV connectée au réseau TER.
Aujourd’hui, Jean-Pierre Masseret, son successeur socialiste au conseil régional, a repris le flambeau.
Mais le sénateur meusien a révisé sa position. « C’est qu’il faut compter avec le recul de l’expérience », justifie-t-il en motivant son revirement par trois raisons principales : « Une vraisemblable remise en cause par la SNCF des dessertes TGV vers les villes » ; « un coût pharaonique » rapporté au nombre d’usagers ; « une gare difficilement accessible par la route », alors que les études démontrent que cette dernière restera le moyen d’accès le plus usité.
Quant à la consultation, Gérard Longuet ne cache pas sa perplexité : « La faible participation à craindre posera un problème de validation de la réponse. »
À l’inverse, Mathieu Klein (PS), patron de la Meurthe-et-Moselle, défend les options de Jean-Pierre Masseret en insistant sur les 23,6 millions d’euros d’argent public déjà investis par RFF dans les aménagements de Vandières.
Sur le fond, explique-t-il, « c’est le seul endroit qui permet de relier par le TGV les 169 gares lorraines aux grandes métropoles régionales françaises et à l’aéroport de Roissy. »
Également sur la même ligne : Christian Poncelet (UMP) et Christian Namy (UDI), ses homologues vosgiens et meusiens.
Dans le camp des anti, le Mosellan Patrick Weiten (UDI) fédère la droite départementale.
> Cela va me coûter 15 000 euros »
Son prédécesseur, Philippe Leroy (UMP), pourtant signataire du fameux protocole de 2000, s’est toujours opposé à la création d’une seconde gare, jugeant que Louvigny, avec ses 650 000 usagers par an, remplissait son office.
Dans son sillage, les maires Anne Grommerch (UMP/Thionville), Jean-Luc Bohl (UDI/Montigny-lès-Metz et président de Metz-Métropole) et Céleste Lett (UMP/Sarreguemines) fustigent tout à la fois le projet et la consultation : « Cela va me coûter 15 000 euros, je préférerais les utiliser à autre chose », déplore ce dernier. Lequel promet pourtant d’ouvrir l’intégralité de ses 19 bureaux de vote : « Qu’on ne vienne pas m’accuser de favoriser l’abstention ».
Mais sa priorité est au redémarrage de la liaison ferroviaire Sarreguemines-Bitche, pour laquelle il ne parvient pas à réunir les fonds.
Au sud du sillon mosellan, Michel Heinrich (maire UMP d’Épinal), a rallié le camp du non, redoutant la fin des dessertes TGV pour sa ville.
« On n’imaginait pas, il y a dix ans, la remise en cause du TGV sur les lignes à grande vitesse, comme la SNCF l’envisage désormais », assurait-il, avant Noël, à son conseil municipal en faisant voter une motion contre Vandières.
Au fil du temps, le doute a gagné du terrain, renforçant le camp du ni oui, ni non. Au premier rang desquels Dominique Gros (maire PS de Metz) et Laurent Hénart (maire UDI de Nancy) oscillent entre prise de distance et silence embarrassé.
« Nancy et la communauté urbaine ne gagneront rien, d’autant que l’enquête publique montre que deux tiers des usagers se rendront à Vandières en voiture », tranchait en fin d’année ce dernier, au diapason avec André Rossinot.
Enfin, restent ceux qui, à l’instar de Nadine Morano (présidente UMP du groupe d’opposition à la région) ou Roger Cayzelle (Cesel) préfèrent désormais s’en prendre à la procédure de consultation pour cacher leur embarras sur le fond.
Le conseil régional appelle les Lorrains à voter le 1er février, pour ou contre une gare d’interconnexion TGV/TER à Vandières. Le principe du financement acquis via la contribution d’une taxe Grenelle, Jean-Pierre Masseret veut donc consulter la population avant d’arrêter une décision à haut risque, à quelques mois des élections régionales.
Xavier Brouet (Le Républicain Lorrain)