Les températures moyennes mondiales relevées début juin ont été les plus chaudes jamais enregistrées pour cette période par le service européen Copernicus, battant les précédents records avec une « marge substantielle », probable avant-goût du phénomène El Niño.
« Le monde vient de connaître son début juin le plus chaud jamais enregistré, après un mois de mai qui était seulement 0,1°C plus frais que le record », a souligné jeudi dans un communiqué Samantha Burgess, directrice adjointe du service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S).
« Les températures moyennes de l’air à la surface de la planète pour les premiers jours de juin ont été les plus élevées enregistrées dans le jeu de données ERA5 pour un début juin, et par une marge substantielle », indique Copernicus, dont les données remontent pour certaines jusqu’en 1950.
« Ce n’est pas surprenant parce qu’il y a une tendance à l’augmentation » des températures et « on savait bien que lorsqu’un événement El Niño se développe ça a tendance à faire monter les températures de quelques dizaines de degrés », a commenté François-Marie Bréon, directeur adjoint du Laboratoire des Sciences du climat et de l’environnement (LSCE), interrogé par l’AFP.
Ces relevés interviennent en effet alors que le phénomène météorologique El Niño, généralement associé à une augmentation des températures mondiales, a officiellement commencé, rappelle Copernicus. Ce dernier a aussi récemment annoncé que la surface des océans venait de connaître son mois de mai le plus chaud jamais enregistré.
« Si une année est particulièrement chaude, ce n’est pas forcément significatif, mais ce qui l’est bien sûr c’est cette tendance lourde qui montre une augmentation des températures d’à peu près 2 dixièmes de degrés par décennie », souligne François-Marie Bréon.
Energies fossiles
Copernicus souligne aussi que début juin, les températures mondiales ont dépassé les niveaux pré-industriels de plus de 1,5°C, qui est la limite de réchauffement la plus ambitieuse de l’accord de Paris de 2015. C’est la première fois que cette limite a été franchie en juin mais elle l’a déjà été à plusieurs reprises en hiver et au printemps ces dernières années.
L’accord de Paris vise à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2°C » et à poursuivre les efforts pour la limiter plutôt à 1,5°C. « Chaque fraction de degré compte pour éviter des conséquences encore plus graves de la crise climatique », a souligné Samantha Burgess.
Copernicus est basé à Bonn, à l’endroit même où se tiennent actuellement des négociations internationales sur le climat sous l’égide de l’ONU, avant la grande COP28 prévue à Dubaï en fin d’année. La question de l’utilisation par l’humanité des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), principales causes du réchauffement climatique, sera vivement débattue à cette occasion.
« Les années El Niño ont toujours été chaudes mais elles arrivent maintenant dans un contexte de réchauffement alimenté par l’utilisation des énergies fossiles, décennie après décennie, qui a rendu les températures extrêmes plus probables », souligne Richard Hodgkins, professeur de géographie physique à l’université britannique de Loughborough.
Les épisodes de chaleur « ont pour effet des feux de forêts, la fonte de la glace aux pôles ou une augmentation de la demande d’électricité pour la climatisation », « qui toutes ne font que rajouter au réchauffement », conclut-il, alors que la sécheresse frappe l’Europe et que des incendies monstres ravagent le Canada en ce moment. Les spécialistes s’interrogent aussi actuellement sur un phénomène de températures « exceptionnellement élevées » sur l’Atlantique nord, indique François-Marie Bréon.