Quasi ex æquo, LSAP et CSV resteront à six sièges chacun. Les pourparlers pour la prochaine coalition ont débuté, notamment entre les chrétiens-sociaux, les verts et le DP.
Esch a su garder le suspense jusqu’au bout. Durant toute la soirée, le CSV et le LSAP n’ont cessé de se dépasser l’un l’autre en nombre de voix au gré des résultats qui parvenaient des 38 bureaux de vote de la Métropole du fer. Même quand le CSV semblait mettre de la distance, peu avant 18 h 30, avec son rival socialiste, ce dernier rattrapait son retard pour lui voler à nouveau la première place avant de la perdre quelques minutes plus tard.
Il aura donc fallu attendre le dépouillement du tout dernier bureau, à 22 h 10, pour être fixé. Avec 29,57 %, le LSAP finit en tête de ce nouveau scrutin, mais, à l’image du reste de la journée, le CSV est juste derrière. Les chrétiens-sociaux totalisent 29,55 %, soit 0,02 point de moins donc que leurs rivaux. S’il était évident pour tous que les deux grands partis arriveraient en tête après une course serrée, ils ont réussi à créer une quasi-égalité qui s’est jouée à seulement 36 suffrages.
Au QG du LSAP, la fête était de mise hier soir, cette nouvelle percée effaçant le traumatisme de 2017. «Je suis très fier de ce résultat, se félicite Steve Faltz. On partait avec des jeunes et une équipe fortement renouvelée, c’est un score fantastique.» Mais du côté de la majorité en place, on se réjouit également. «Je suis très content de ce vote, affirme Georges Mischo. On conserve nos six sièges.» Avec un score (10,85 %) légèrement supérieur à celui de 2017, le DP conserve lui aussi ses deux places. «On devient le troisième parti d’Esch, c’est la première fois, se réjouit Pim Knaff. Mais on aurait pu faire mieux.»
Vers une nouvelle coalition CSV-DP-déi gréng
Si le résultat au coude-à-coude des deux grands partis n’est pas une surprise, d’autres performances risquent de changer la donne et le paysage politique dans la deuxième ville du pays. Jusqu’à présent troisième force du conseil communal et membre de la coalition, déi gréng réalisent une contre-performance par rapport à 2017. Après avoir obtenu 13,54 % des voix il y a six ans, la liste menée par Meris Sehovic se retrouve seulement en quatrième position avec 9,17 %.
Les verts perdent donc un siège alors que, de l’aveu du jeune élu, le mouvement espérait a minima conserver ses trois fauteuils, voire en gagner de nouveaux. Même chose pour déi Lénk qui, avec seulement 1,91 % de moins qu’il y a six ans (9,53 % cette année contre 7,62 % en 2017), perd tout de même l’un de ses deux sièges. Ces mandats qui échappent aux verts et à la gauche iront à de nouveaux élus au sein du conseil communal : l’ADR et le Parti pirate. Bernard Schmitt du parti nationaliste et Tammy Anna Broers des Pirates découvriront bientôt les débats au sein de l’hôtel de ville. Une entrée qui ne plaît pas particulièrement à certains.
«C’est un vote un peu contestataire. Il n’y a pas de projets politiques derrière pour l’un comme pour l’autre, analyse Pim Knaff qui donne tout de même un peu plus de crédit aux Pirates. Ils sont moins radicaux que l’ADR, mais c’est la même chose en mauve.» Georges Mischo se montre moins critique, mais regrette lui aussi l’arrivée de l’ADR au conseil communal. «C’est très surprenant, mais c’est la démocratie, il faut faire avec.»
Avec des scores aussi proches entre les grands gagnants, le suspense est toujours de mise à Esch. La place de bourgmestre se jouera entre Steve Faltz et Georges Mischo selon la capacité de l’un ou l’autre à forger une nouvelle coalition. À ce jeu, le bourgmestre actuel semble avoir pris une longueur d’avance. En tant que candidat qui a obtenu le plus de votes nominatifs (4 977 contre 4 514 pour la tête de liste socialiste), Georges Mischo a déjà commencé les pourparlers.
«Nous sommes le parti qui a obtenu le plus de votes de liste. J’ai donc contacté les verts et le DP pour leur proposer de former une nouvelle coalition.» Les négociations n’en sont qu’à leurs débuts et les choses peuvent encore changer, mais le leader chrétien-social a bon espoir. «Nous nous sommes vus durant une heure et quart pour discuter des résultats. On a bien travaillé ensemble malgré le covid et la guerre en Ukraine, tout en n’ayant que cinq ans et demi de mandat à cause des élections législatives d’octobre. On veut maintenant offrir six ans de stabilité supplémentaire à Esch-sur-Alzette.»