Le témoin principal d’un vol avec violence s’est rétracté et a demandé à témoigner hors de la présence des trois prévenus, qui l’auraient intimidée. Elle prétend avoir menti à la police.
Le 22 décembre 2021, un jeune homme est roué de coups par trois jeunes hommes vers 20 h 30 dans la rue de la Poste en plein centre de Luxembourg. Le trio l’aurait dépouillé de 30 euros, de son smartphone et ses écouteurs ainsi que d’une écharpe. Confrontés aux faits et à leur victime présumée, à la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi, les prévenus répondent comme un seul homme : «C’est qui déjà?»
Les policiers ont trouvé la victime présumée le visage en sang et une plaie à la tête, assise à la terrasse d’un restaurant, a rapporté un inspecteur hier. «Il se rendait de Hamilius vers la place d’Armes avec deux amis quand trois jeunes hommes se sont approchés et leur ont demandé de la monnaie. Ils ont refusé de leur en donner et ont poursuivi leur chemin», indique le policier. La victime présumée a été séparée de ses amis distraits par une jeune femme. Une fois celle-ci isolée, le trio lui aurait fait les poches en la frappant.
«Je n’ai rien à voir avec ça»
«Je ne comprends pas l’histoire. Je n’ai rien à voir avec ça», lance Billy, 20 ans. Les trois jeunes âgés d’une vingtaine d’années, dont l’un est actuellement en détention préventive, jurent ne pas s’être trouvés dans la capitale au moment des faits. Une lycéenne de 16 ans les a pourtant identifiés après les faits et a aidé à leur arrestation.
À la barre, elle se rétracte et dit avoir fait une fausse déposition aux policiers à l’époque. Elle connaît le trio, mais ne souhaite plus témoigner dans cette affaire. Elle n’a pas peur, répond-elle d’une toute petite voix à la présidente qui lui demande si un des trois prévenus l’a menacée pour qu’elle décide de revenir ainsi sur son témoignage. «Non», note la lycéenne timidement. Son témoignage correspond pourtant parfaitement aux témoignages des autres personnes présentes le soir de l’agression, selon la présidente qui commence à le lire à haute voix.
Le procès reporté
«J’ai menti à la police. Je me demande bien pourquoi», la coupe la jeune femme d’une toute petite voix. «Vous préférez que les trois prévenus s’en sortent au lieu de la victime présumée qui était au mauvais endroit et a pris les coups», commente la présidente avant de conseiller à la jeune femme de se rendre immédiatement à la police et d’expliquer qu’elle a été témoin d’un délit si elle doit subir des menaces de l’un des protagonistes à la suite de l’audience.
Trop tard. Selon son avocate, la lycéenne a déjà subi des menaces de leur part, et une de ses amies également. Après une suspension d’audience, elle demande au tribunal que sa cliente puisse être entendue dans d’autres circonstances que celle de l’audience. Par vidéo interposée depuis une autre salle, par exemple. Le procureur appuie cette demande. La chambre correctionnelle va devoir décider si elle donne droit ou non à cette demande. Le procès du trio a donc été interrompu et remis au 20 septembre prochain afin de pouvoir, le cas échéant, mettre en place un dispositif le permettant.
«Vous avez interdiction d’approcher le témoin d’ici là», précise la présidente à l’intention du trio. «Il est où le témoin?», lui demande le plus grand des trois prévenus. «Cela ne vous regarde pas!», s’emporte la présidente face au jeune homme qui ne semble pas mesurer la gravité de la situation.