Vincent, soldat français dans l’Armée de terre, est blessé au combat et trouve un poste de vigile en attendant une nouvelle épreuve du feu. Dans une villa de la Côte d’Azur baptisée Maryland, il a la charge d’assurer la sécurité d’une femme et de son fils.
La mission se révèle plus compliquée que prévue lorsque Vincent découvre que l’époux de celle-ci est un puissant marchand d’armes libanais finançant la campagne à l’élection présidentielle du ministre de l’intérieur. Si cette histoire rappelle celle d’un ancien Président de la République français, ce n’est sans doute pas un hasard.
Le film débute au milieu d’une soirée de nantis, entre bling-bling et bunga bunga, avec Vincent (Matthias Schoonaerts) obligé de gérer ses troubles de stress post-traumatique. Alice Winocour, déjà repérée pour son film Augustine, joue habillement avec le son et l’image, le larsen que Vincent entend et le bruit ambiant. Ces premières minutes sont emballantes, intrigantes et laissent augurer d’une œuvre atypique.
Sauf que comme le film se resserre sur la relation entre Vincent et Jessie (Diane Kruger), avec en toile de fond une vague intrigue policière, il s’essouffle. Alice Winocour, coscénariste du remarqué Mustang, ne tient pas son propos et abandonne son film à une intrigue bancale.
Diane Kruger assure, Matthias Schoonaerts moins
À la très réussie ambiance paranoïaque de la première demi-heure cède un film d’action qui n’a ni les moyens ni l’envie d’exister. Mal à l’aise lorsqu’il s’agit de filmer la violence, Alice Winocour bâcle les séquences pour revenir le plus rapidement possible à cette histoire sans rythme, dont elle ne parvient pas à tirer le potentiel.
Matthias Schoonaerts, de chaque plan, livre une prestation peu nuancée de soldat traumatisé. Diane Kruger, qui se voit pour une fois proposer un rôle complexe, s’en sort avec les honneurs, entre effroi et fascination pour cette étrange barbouze. Mais leur attraction ne fonctionne pas, laissant au film un goût d’inachevé. En l’état, Maryland est un film étrange, qui ressemble à ces œuvres de la nouvelle génération des réalisateurs français, entre peur de l’époque et espoir inquiet.
Christophe Chohin